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4 novembre 2017

[COUPES] Index

Index des textes généraux concernant la série des Coupes : Symbolisme chrétien de la Coupe [#]Mémoires de Cellini (à venir)
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17 août 2014

Cartes des AS (index)

Page d'Index des articles consacrés aux cartes de tarot des AS (de Coupes, d'Epées, de Bâtons ou de Deniers) Faux As et vrai emblème Renaissance [ # ] Le calice de Benvenuto Cellini (à venir)
18 août 2010

Langage symbolique (index)

Ce chapitre du blog recueille au fur et à mesure des textes d'ordre très général sur le langage symbolique. Ils proviennent pour l'essentiel d'essais d' histoire ou d'histoire de l'art, parfois de traités de psychologie. Leur intérêt porte sur la mécanique...
27 octobre 2009

Carte I LE BATELEVR : Sommaire

Carte I LE BATELEVR : Sommaire
---------> Archétype visuel du BATELEVR [ # ] : Un jeune HOMME imberbe au grand CHAPEAU, cheveux BOUCLES, DEBOUT derrière une TABLE [ # ] sur laquelle figurent des dés [ # ][ # ], un couteau et une besace; il tient en main une BAGUETTE [ # ] - ou un doigt...
21 août 2009

autour de la carte XIII La Mort

autour de la carte XIII La Mort
--------> Archétype visuel : ci-contre : tarot Noblet, Paris, ca 1650 Constantes visuelles :vu de trois-quarts [#], un SQUELETTE [ # ][ # ] debout, qui porte une FAUX [ # ][ # ][#][#], marche sur une TERRE NOIRE, des OSSEMENTS épars [ # ], deux TETES...
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16 avril 2020

Le sacre de la reine Claude (1517)

A l'opposé exact de l'ascétisme solitaire des ermites, le faste du sacre de la reine ... Avec l'exemple de la reine Claude de France, petite fille du poète Charles d'Orléans, fille du roi de France Louis XII et de la duchesse Anne de Bretagne, épouse de François Ier ...

carte III L'IMPERATRICE [#] - Reines   

 

Henri PIGAILLEM : Claude de France, première épouse de François Ier, mère de Henri II
Editions Pygmalion 2006 [extrait pp. 143 sq.]//////////////////////////////////////////////

Deux ans après le sacre de François Ier, Claude n'a toujours pas été couronnée. Si l'indifférence du roi semble être l'une des causes de cette lacune, les guerres d'Italie et les deux grossesses de Claude y sont aussi pour quelque chose. La cérémonie, tant attendue par le peuple, est fixée au 10 mai 1517. [...] Claude quitte Blois le 7 mai au soir pour se rendre, en grande et splendide escorte, à Saint-Denis, accompagnée des princes, des seigneurs et des nobles dames de la cour. Elle voyage dans sa litière, décorée de drap d'argent, enrichie de cordelières d'or enchevêtrées, et menée par deux puissants chevaux harnachés et caparaçonnés de la même étoffe. Le 9 mai, à la veille du sacre, elle se rend à la basilique pour se recueillir sur le tombeau de ses parents [Louis XII et Anne de Bretagne]. Le soir, elle se confesse et reçoit Dieu en état de grâce. Puis elle rentre dans son logis, situé dans l'abbaye même, sur la façade de laquelle on a tendu un voile de soie blanche et bleue, décoré partie aux armes de France et de Bretagne, qui sont la lignée paternelle et maternelle.
-------> portrait de Louis XII [#]
-------> Anne de Bretagne, femme politique
 [#] - son sceau [#] - son portrait [#]

Le jour suivant, peu avant midi, les évêques lui donnent l'eau bénite dans une chapelle annexe. Puis Louise [de Savoie, mère de François Ier] et le roi, flanqués d'une pléïade de princes et de seigneurs, et au milieu d'une foule grandiose, l'accueillent à l'entrée du choeur, où se tiennent d'autres évêques, des cardinaux et divers hauts dignitaires de l'Eglise.
------> François Ier [#]  - iconographie [#]

Pierre Gringore nous a laissé une description superbe de l'église de Saint-Denis, "moult belle, grande et somptueuse, avec ses voiles de soie, de satins cramoisis, des bannières multicolores, que faisait trembler l'éclat des fanfares et des trompettes". [*] Des étoffes précieuses, armoriées aux armes de Claude, pendent partout dans l'église. Les flambeaux et les cierges reflètent magnifiquement les joyaux, bijoux et parures des invités. Un trône d'or est destiné à la reine, surmonté d'un dais orné de cordelières d'Anne de Bretagne et soutenu par quatre piliers d'argent, s'élève sur une estrade dressée au-dessus des choeurs où reposent le père et la mère de Claude. On y parvient par un escalier de bois qui se trouve vis-à-vis du grand autel. En retrait, des sièges ont été préparés pour les duchesses. A gauche et à droite de l'estrade centrale, les charpentiers ont construit d'autres estrades, plus basses, réservées aux grands seigneurs, aux ambassadeurs, aux prélats. Sur le grand autel où reposent des reliques, brille une croix de pierreries. Deux autels plus petits l'encadrent, et sous un ciel de soie rouge resplendissent la couronne et l'épée de Saint Louis. Sur les corporaux, les plus riches aiguières, les coupes les plus rares, les nappes de dentelle les plus légères.
------> dais : iconographie [#][#][#][#] - carte Amoureux (tarot Cary-Yale) [#] - Chariot (tous tarots) [#] - dais royal [#]

Des gardes ouvrent la porte au son des cloches. La reine paraît alors, progressant majestueusement entre les évêques de Toulouse et de Laon. Elle est vêtue d'un manteau de velours bleu, à longue traîne semée de lys, sous lequel apparaît la cotte blanche, dont les boutons sont en diamants. Un corselet d'hermine mouchetée couvre sa taille. Sur son corsage coule un collier de pierres et pend une croix de rubis. Enfin, sa coiffe de satin blanc disparaît sous les émeraudes : "Monseigneur le Connétable duc de Bourbonnais et d'Auvergne, écrit Pierre Gringore, la soutenait à droite, et Monseigneur de Vendômois à gauche, après eux venaient pour aider Monseigneur de Vendôme prince de La Roche-sur-Yon, Monseigneur de Genève frère et fils du duc de Savoie et frère de Madame [Louise de Savoie], Monseigneur le comte de Guise, frère du duc de Lorraine et de Bar. Ainsi s'assit ladite dame et monta en son siège royal, et Monseigneur en arrière soutenait la couronne comme il est dit, Monseigneur de Bourbon, Monseigneur de Vendôme à gauche soutenant le manteau royal. Le prince de La Roche-sur-Yon, ayant le genou en terre, tenait le sceptre, Monseigneur de Guise tenait la main de Justice pour soulager ladite dame. Ils étaient tête nue. Les duchesses s'assirent à droite, les comtesses à gauche, en tel ordre que par avant avaient marché. Madame d'Assigny, vicomtesse de Couatmen, dame d'honneur de ladite dame, eut le lieu vis-à-vis de la reine. Puis vint ladite dame devant le Châtelet de Paris, où elle trouva sur un grand échafaud un arbre ayant plusieurs branches comme un arbre de Jessé. Sur le haut étaient un roi et une reine couronnés représentant le Roi et la Reine. De chaque côté de ces branches étaient plusieurs princes et princesses, rois et ducs de Bretagne, montrant la lignée et généalogie dont était venue ladite dame. Au bas de l'échafaud il y avait quatre dames nommées Sévérité, Mansuétude, Loi et Coutume." [*]
------> allégories dans le tarot dit de Charles VI [#]

Les duchesses d'Alençon et de Vendôme coiffées d'or portent les deux côtés de la traîne, et Madame de Ranestain en soutient la pointe. Au-devant marchent les princes du sang, suivis des duchesses et des comtesses au cerclet vermeil. Le Te Deum Laudamus retentit à l'instant où les cardinaux accueillent la reine. Le légat Philippe de Luxembourg, cardinal du Mans, qui officie, l'oint des saintes huiles. Louise de Savoie ouvre son manteau et Marguerite [soeur de François Ier] écarte les voiles. Le prélat, touchant le front de Claude, murmure : "Ungo te in regnam de oleo santificato, in nomine Patris et Filii et Spiritus Sanctis." Puis il lui tend le sceptre et la main de justice [détails ici] avant de lui passer l'anneau. Monseigneur d'Orval présente, sur un coussin moucheté d'hermine, la couronne à la reine, couronne soutenue d'un côté par le duc de Bourbon, de l'autre par le duc de Vendôme.
------>  les huiles saintes [#]
------> le sacre des rois et des empereurs [#] - sacre du dernier empereur d'Autriche [#]

Le même légat célèbre la messe, flanqué de chantres venus de Blois. L'archevêque de Tours lit l'Evangile. Puis vient l'offrande à Dieu, faite sur l'autel. Les princes y conduisent Claude : "La duchesses d'Alençon, nous dit Hilarion de Coste, lui présenta le pain d'or et d'argent; la douairière d'Alençon, le vin dans un pot d'or; et la douairière de Vendôme, les treize pièces d'or monnayé; après que la Dame d'honneur eut reçu le pain d'or de Mademoiselle de Porcien; le vin de Madame de la Chambre de Savoie; et l'or de Mademoiselle de Lestrac. [**] Après la messe, "la Reine ayant été à l'offrande s'en retourna en son siège royal, duquel elle descendit quand la Messe fut dite, pour aller recevoir le Corps de Jésus-Christ avec un grand respect et humilité au même lieu où elle avait été sacrée." [**]

Un magnifique manuscrit de Jean Bourdichon nous laisse le souvenir du sacre de Claude illustré par une allusion généalogique. On y voit au sommet d'un arbre François et Claude. Au-dessous, à droite, Anne de Bretagne et ses deux maris. A gauche, Louis XI et Charlotte de Savoie. Plus bas, Charles VII et Marie d'Anjou. Aux racines de l'arbre, à gauche, Charles VI et Isabeau de Bavière; à droite, Louis d'Orléans et Valentine Visconti.
-----> portraits d'ermites par Jean Bourdichon (St Antoine, St François de Paule) [#]

[*] Pierre GRINGORE, Le sacre, couronnement, triomphe et entréede la très chrétienne reine et duchesse Madame Claude de France, Paris, 1517, Bibliothèque de l'Arsenal
[**] Hilarion de COSTE, Les Eloges et les vies des Roynes, des princesses et des dames illustres en piété, en courage et en doctrine, Paris, S. Cramoisy, 1647

[fin de citation]//////////////////////////////////////////////////////////////////////

 

L  I  E  N  S

PERSONNAGES ROYAUX CITES :
Claude de France (1499-1524) :
biographie : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_de_France_%281499-1524%29
ses portraits : http://derniersvalois.canalblog.com/archives/2007/12/05/14697655.html
généalogie : https://gw.geneanet.org/mgontard?lang=fr&n=reine+de+france&oc=0&p=claude+de+france
son père, LOUIS XII (1462-1515), roi de France : www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article222
sa mère, ANNE DE BRETAGNE (1477-1514) reine de France : www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article132
www.histoire-pour-tous.fr/livres/174-biographies/4368-anne-de-bretagne-h-pigaillem.html
son mari, François Ier, Valois-Angoulême (1494-1547), roi de France en 1515 :
www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fran%C3%A7ois_Ier/120185

sa belle-mère, Louise de Savoie : https://www.universalis.fr/encyclopedie/louise-de-savoie/
http://princesse-savoie.fr/les-savoie/les-souveraines-de-savoie/les-duchesses/92-louise-de-savoie/
sa belle-soeur, Marguerite d'Angoulême puis de Navarre (1492-1549) :
biographie courte : http://www.lepoint.fr/histoire/personnages/marguerite-de-navarre-1492-1549-19-07-2013-1706420_1617.php
biographie :
fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_de_Navarre_%281492-1549%29
bibliographie pour agrégatifs : evergreen.loyola.edu/lmorgan/www/courses/fr351/navarrecazauran.htm
"Heptaméron" : fr.wikipedia.org/wiki/Heptam%C3%A9ron
oeuvres de théâtre :
www.theatredefemmes-ancienregime.org/marguerite-de-navarre/
poèmes : poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/marguerite_de_navarre/index.html

GRANDS SEIGNEURS CITES :
"Monseigneur le Connétable le duc de Bourbon et d'Auvergne" :
Charles II de Bourbon (Montpensier 1490- Rome 1527), connétable de France (1515-1521)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_III_de_Bourbon
"Monseigneur de Genève" : Jean François de Savoie, évêque de Genève (1513-1522)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_de_Savoie
"Monseigneur le Comte de Guise" : Claude de Lorraine (1496-1550) grand-père de Marie Stuart
http://haute-marne.fr/culture/chateau-du-grand-jardin/le-site/claude-de-lorraine-premier-duc-de-guise/
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Claude%EF%BF%BDI_er_de_Lorraine_comte_puis_1_er_duc_de_Guise/122744
Monseigneur de Vendôme, Prince de La Roche-sur-Yon :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_La_Roche-sur-Yon

AUTRES PERSONNAGES :
Jean BOURDICHON, peintre (ca 1457-1421) : https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-bourdichon/
Pierre GRINGORE/GRINGOIRE : http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Gringore/173697
Philippe de LUXEMBOURG (1445-1519), évêque du Mans nommé en 1476, fait cardinal en 1495, légat du pape :
http://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bdluxp.html
https://books.google.fr/books?id=5vNPzlsW17IC&pg=PA304&lpg=PA304&dq=Philippe+de+Luxembourg+ev%C3%AAque+du+Mans&source=bl&ots=NITXUiP6um&sig=bwQwWkXeSaO7yy1YtkeM0mmfgS8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiJ6PSPg-rbAhUwsKQKHWgEAqw4ChDoAQhAMAY#v=onepage&q=Philippe%20de%20Luxembourg%20ev%C3%AAque%20du%20Mans&f=false

SYMBOLES & OBJETS CITES :
Ordre de la Cordelière (créé par Anne de Bretagne en 1498) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_la_Cordeli%C3%A8re
Couronne de Saint-Louis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Couronne_de_saint_Louis
Symboles de la Justice : http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/les-symboles-de-la-justice-21974.html
Main de Justice : https://petitegalerie.louvre.fr/oeuvre/main-de-justice
Te Deum Laudamus (hymne) : https://liturgie.catholique.fr/lexique/te-deum/
video : https://www.youtube.com/watch?v=WJlUP3yDvkQ

LIEUX CITES :
BLOIS : résidence royale
http://www.info-histoire.com/patrimoine/chateau-royal-de-blois/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Blois
https://www.chateaudeblois.fr/2074-histoire-et-architecture.htm
SAINT-DENIS : abbaye royale

 

 

16 juin 2018

la lampe qui brûle et qui luit

ATTENTION, rare et précieux ... Nous avons la chance d'entendre ici un VRAI ermite parler d'ascétisme, de l'exemple de St Jean Baptiste et de la lampe qui luit et qui brûle ... L'auteur était moine trappiste. Il a pris des notes pour lui-même au cours d'une expérience d'ermite chez les Camaldules. Il a consenti à ce qu'elles soient publiées à condition de rester anonyme. Ce texte a beaucoup servi aux novices s'interrogeant sur leur vocation contemplative. 

Carte VIIII L'HERMITE [#] - Objets & Outils [#]

 

UN MOINE : L'Ermitage, Editions Ad Solem, 2005 (1e édition : 1968 à Genève)
[extrait pp. 31-35] ////////////////////////////////////////////////////////////////////

 

PhPhilippe de CHAMPAIGNE
St Jean Baptiste, 1657
 


V
eillez à conserver à l'Ermitage son caractère d'austérité.
Parce que la contemplation est le plus haut exercice de la charité, la tentation est grande parfois de mettre en veilleuse cette rudesse de vie dont tous les anachorètes ont donné l'exemple. Jean-Baptiste qui fut un pur parmi les purs n'accordait à son corps que le strict nécessaire pour ne pas mourir. [...] Soyez heureux si l'ermitage vous offre le maximum de cet inconfort que le sens moderne abhorre. L'économie de temps, la supériorité du rendement, la libération de l'esprit ne sont souvent que des alibis. L'Ermite n'a nullement à régler le rythme de sa vie sur la course échevelée d'un monde dont l'échelle de valeurs est à l'inverse de la sienne. Il se nourrit d'éternité. Dans le domaine temporel, il n'a pas de désirs, il n'a que des besoins; qu'il sache ne pas s'en créer. L'incommodité dans tout doit vous être familière; le "non-besoin" doit régler vos aménagements et vos réclamations. [...] Ceux que le désert a séduits ont éprouvé que d'un corps durement traité l'esprit émerge dans la pureté et la lumière. Sans ce goût des austérités, comment seriez-vous successeur des martyrs ? Puissiez-vous mériter l'éloge que fait Jésus du Baptiste : "Jean était la lampe qui brûle et qui luit" ("lucerna ardens et lucens"). C'est parce qu'il brûle, se consume, que l'Ermite éclaire, comme la lampe du Sanctuaire.
-----> St Jean Baptiste, modèle spirituel pour les ermites [#]
-----> ascétisme des ermites [#][#]

[...] Le vide, l'aridité, l'austérité du désert, activent le pas sur la piste qui conduit à la terre du repos. Jean oublia d'un coup les fatigues des rudes années de sa préparation lorsqu'il vit l'Agneau de Dieu dont il aplanissait les voies (Ap. 22, 17). Alors il n'eut qu'un voeu : "Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse", non pas seulement en renommée, mais dans son être spirituel, pressentant le sublime idéal formulé par St Paul : "Si je vis ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi" (Epître aux Galates 2, 20).
Ainsi achève de se consumer en se divinisant la petite lampe.
-----> symbole de la lampe [#][#][#] - scène de voyage [#]

Pour vous, la venue du Messie n'est pas un futur. Vous vivez sous le toit de Jésus [...] La vie érémitique ne s'explique que par le besoin d'aparté d'un grand amour. [...] Dans le "Corps mystique" du Christ votre rôle est d'être le coeur, sinon qu'êtes-vous, vous qui n'avez ni oeuvres, ni prédication, et qui n'administrez même pas les Sacrements ? Votre vie cachée parle au monde, mais elle n'est pour lui lumière que dans la mesure où, précisément, elle fuse d'un amour concentré. Le Précurseur (St Jean Baptiste) fut un témoin hors pair de Jésus-Christ qu'il eut pour mission de désigner : "Le voici". "Ecce". Vous aussi, dans l'Eglise et face au monde, vous êtes son témoin, mais ce qui parle en vous ce n'est pas la langue, c'est votre état, votre être même. [...]

"Que votre lumière brille devant les hommes afin que, voyant vos bonnes oeuvres, ils glorifient le Père qui est dans les cieux" (Matthieu 5, 16)

Jésus est Dieu et de ce fait vous êtes le témoin de Dieu qui se réfléchit en vous comme dans un miroir (2 Co 3, 18). Par votre abnégation des créatures vous proclamez leur néant devant l'être de Dieu. Par votre renoncement aux joies qu'elles procurent, vous proclamez la suffisance de Dieu, suprême Béatitude. Par votre application exclusive à la prière, vous proclamez Son infinie Majesté et Sa Souveraineté. Et votre témoignage a d'autant plus de portée que votre vie est plus cachée et silencieuse dans la contemplation de cette impressionnante transcendance de Dieu. Son rayonnement dépasse à l'infini la connaissance qui en parvient aux hommes. Il ne suffit pas que le témoignage soit porté : il doit être accueilli. Ceci n'est pas affaire de reportage mais de grâce. Dieu seul ouvre les yeux à Sa lumière. Si éblouissante soit-elle, l'aveugle ne la perçoit pas. Le Verbe venu en ce monde "était la lumière des hommes et la lumière a lui dans les ténèbres et les ténèbres n'ont pu l'atteindre" (Jean 1,5). Par votre prière et vos sacrifices vous mériterez aux autres la grâce d'être docile au témoignage. Jésus a beaucoup prêché; il attribue le fruit de son Apostolat à l'offrande muette du Calvaire. [la mort sur la croix]
------> Montée au Calvaire [#] - Crucifixion [#][#] - Résurrection du Christ [#]

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Texte d'un auteur appartenant au même Ordre religieux, Dom Chautard :
[#] Soyez des réservoirs et non des canaux

Autres textes sur le thème de la lampe/lanterne :
[#] Esope et la Lanterne (fable latine de Phèdre)
[#] Arrivée à Athos par bateau dans la nuit (récit de Jacques Lacarrière)
[#] L'ermite éclaireur de la "vraie voie" (analyse d'une gravure rhénane du XVe s.)
[#] La ronde de nuit du frère claustral (extrait du roman d'Anne Guglielmetti)

 

 

L  I  E  N  S

L'AUTEUR :
http://data.bnf.fr/fr/12596697/marie-etienne_cheneviere/
https://www.editionsadsolem.fr/livre/fiche/l-ermitage-9782884820363

PERSONNAGES CITES :
St Jean Baptiste :
https://viechretienne.catholique.org/saints/10-nativite-de-saint-jean-baptiste
(Catholic Encyclopedia, en anglais) : www.newadvent.org/cathen/08486b.htm
martyre : https://viechretienne.catholique.org/saints/3225-martyre-de-st-jean-baptiste
Ordre des Trappistes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_cistercien_de_la_Stricte_Observance
(Catholic Encyclopedia, en anglais) http://www.newadvent.org/cathen/15024a.htm

CONCEPTS :

Précurseur : http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1838295765;

Articles de fond dans "Catholic Encyclopedia" (en anglais) :
Le Corps mystique du Christ : http://www.newadvent.org/cathen/10663a.htm
La Passion du Christ : http://www.newadvent.org/cathen/11527b.htm
Le récit de la Passion dans les Evangiles : http://www.newadvent.org/cathen/11530a.htm
Archéologie de la Croix et du Crucifix  : http://www.newadvent.org/cathen/04517a.htm

ILLUSTRATION :

St Jean Baptiste par Philippe de Champaigne, 1657, Musée de Grenoble
https://artifexinopere.com/?p=12117
URL de l'image : https://artifexinopere.com/wp-content/uploads/2018/04/Ph.-de-Champaigne-Saint-Jean-Baptiste-1657-musee-de-Grenoble.jpg

 

12 juin 2018

la ronde de nuit du frère claustral

L'automne ... un monastère bénédictin ... le frère claustral, moine à la lanterne qui vérifie la clôture chaque soir ... la lampe qui réveille le dormeur pendant l'office de nuit ... l'abbé fatigué ... Tout ce passage (sans le vouloir), parle de VIIII L'HERMITE !!! Il est vrai que la romancière a été fortement inspirée par une très vieille abbaye normande du XIe siècle.

Carte VIIII L'HERMITE [#] - Objets & Outils [#]

Anne GUGLIELMETTI : Les Pierres Vives, Domaine Français, Actes Sud 2016
[extrait pp. 116-117] //////////////////////////////////////////////////////////////////

Pour la troisième année consécutive, les tempêtes de l'automne tardaient à venir [...]
Les jours, en revanche, rétrécissaient à vue d'oeil, entre l'épaisse haleine de l'étang qui se dissipait tard dans la matinée et d'humides crépuscules, toujours plus précoces, aux brèves déchirures de pourpre. Sitôt célébré le dernier office du soir, la ronde du frère claustral refermait l'obscurité sur le monastère, à l'exception de la cellule de l'abbé, dans laquelle brûlait une lampe.

 

Office de nuit à Norcia

Image associéeBien des années auparavant, Mainier avait accepté avec gratitute d'effectuer ces rondes nocturnes qui repoussaient le moment où il devait s'allonger, sans sommeil et tel un gisant, sur la couche étroite d'un dortoir enténébré. D'un bâtiment à l'autre, il allait, une lanterne sourde à la main, dont il approchait la face éclairée de chaque porte, volet ou guichet. Il était plus rare qu'une clef, un loquet ou une traverse en bois eût échappé à sa fonction qu'un frère ne cédât au sommeil durant le dernier office, devant ce dormeur aussi, la règle voulait qu'une lampe fût posée, qui l'arrachait à sa faiblesse et à une faute expiée par un jeûne le lendemain. [Note du blog : texte complet de la Règle ici]

Devenu prieur, Mainier avait abandonné cette tâche à un autre, et, treize ans après sa nomination à la tête du monastère, il lui semblait toujours que le plus grand privilège [...] d'abbé était de disposer d'une cellule pour lui seul, dans laquelle une lampe lui permettait de franchir les deux tiers des interminables nuits de l'automne en méditant un texte sacré. L'automne, justement, était bien entamé lorsque, un soir de novembre, s'asseyant devant la grande Bible ouverte en permanence sur sa table, la flamme de la mèche gorgée d'huile qui brûlait à son côté lui avait paru plus faible qu'à l'ordinaire ou sa vue plus fatiguée. Longtemps, il s'était obstiné, tirant de versets péniblement soumis par son regard une signification dont son intelligence était incapable de faire jaillir la moindre étincelle, son désir impuissant à en goûter la beauté et son esprit trop troublé pour y trouver le sentier menant à la paix de l'âme.
------> un ermite devenu abbé bénédictin [#]
------> une abbesse bénédictine [#] - les premières abbesses [#] - un écrit  d'une philosophe bénédictine [#]

A la lisière de l'étroit cône de lumière, son visage, contracté par l'exaspération et par l'effort, était creusé d'ombres profondes. Quel frère poserait devant lui la lanterne qui l'arracherait à des pensées plus despotiques que le sommeil, et quelle lampe découvrirait la porte restée entrebaillée, par laquelle le monde pénétrait encore, à la faveur de la nuit, au plus intime de son âme ?

[fin de citation]///////////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres textes sur le thème de la lampe/lanterne :
[#] Esope et la Lanterne (fable latine de Phèdre)
[#] Arrivée à Athos par bateau dans la nuit (récit de Jacques Lacarrière)
[#] L'ermite éclaireur de la "vraie voie" (analyse d'une gravure rhénane du XVe s.)
[#] La lampe qui brûle et qui luit (notes d'un moine trappiste sur son expérience chez les Camaldules)

 

L  I  E  N  S

L'AUTEUR : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Guglielmetti/40532
LE LIVRE : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/les-pierres-vives
https://femmesdelettres.wordpress.com/2016/05/01/anne-guglielmetti-les-pierres-vives-avril-2016/

Concepts et fonctions cités :
abbé : http://www.cnrtl.fr/definition/abb%C3%A9
(Catholic Encyclopedia, en anglais) : http://www.newadvent.org/cathen/01015c.htm

Bénédictins (ordre religieux) :
Ordre de St Benoît : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_Saint-Beno%C3%AEt
(en Anglais, historique détaillé) www.newadvent.org/cathen/02443a.htm

Règle de St Benoît :
http://www.abbayedesolesmes.fr/la-regle-de-saint-benoit
(en anglais) : http://www.newadvent.org/cathen/02436a.htm
(fichier de la Règle ) : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/benoit/regle.htm

clôture : http://www.cnrtl.fr/definition/cloture

prieur :
http://www.cnrtl.fr/definition/prieur
https://eglise.catholique.fr/glossaire/prieur/

(Catholic Encyclopedia, en anglais) : http://www.newadvent.org/cathen/12427c.htm

enténébrer : http://www.cnrtl.fr/definition/ent%C3%A9n%C3%A9br%C3%A9

Office de nuit des Chartreux : http://jade-music.net/album/9

Office à NORCIA (Italie) en 2011 : Quaerere Deum - Official trailer [HD]

9 juin 2018

Le Roi se meurt avec l'ermite à ses côtés

L'ermite sort parfois de son ermitage pour porter secours spirituel. Ainsi l'ermite italien saint François de Paule qui fut appelé à Plessis-lès-Tours par Louis XI presque mourant. L'épisode - déjà raconté dans le blog par l'historien néerlandais Huizinga cf. [#] - est ici vu sous la plume de Jean Favier.

Carte VIIII L'HERMITE [#]

Jean FAVIER : Louis XI, Fayard 2001
[extrait pp. 894 sq.]///////////////////////////////////////////////////////////////////

Battaglia ca 1700 statue de San Francesco di Paola à TrapaniGiacomo TARTAGLIA (1678-1751)
statue de San Francesco di Paola
église de Trapani


Au [palais royal du] Plessis [gravure ici], dont on renforce la garde et la fortification, nul n'entre plus, sinon Beaujeu [gendre du roi] et quelques serviteurs domestiques. Terrorisé à l'idée que son lit pourrait être son lit de mort, le malade préfère maintenant dormir dans le fauteuil que l'on place dans la galerie. De là, dans la journée, il regarde les arbres du parc. Mais il demeure lucide, sachant bien que les grands attendent sa mort alors que les plus modestes dont il a fait la fortune ne voient venir que des désagréments. [...] Il change souvent de valet de chambre. [...] La méfiance est généralisée. [...] Quand il a besoin de secrétaires, le roi demande qu'on lui en envoie "des plus jeunes et bien entendus" : il se méfie ce ceux qui ont eu le temps de se faire des relations. [...] Tout inquiète le malade. Il scrute le visage de ceux qui l'approchent. [...]

Louis XI en appelle maintenant aux prières de tous les saints hommes qu'il connaît, ou que connaissent ceux qu'il peut atteindre. [...] Naturellement, les offrandes aux églises se multiplient, au point que le clerc chargé des "offrandes ordinaires" se plaint de n'avoir plus d'argent. [...] L'hiver a été rude, et le malade en a souffert. Le 3 février, il a prescrit des processions à Saint-Denis contre  le "vent de galerne", c'est-à-dire le vent froid qui frappe le "pauvre peuple du royaume" [...] Tout Paris a suivi des processions. Nul ne s'y est trompé. C'était bien pour le roi. On recommence le 3 mai, et tout Paris va, sur ordre, prier à Saint-Denis pour l'ensemble de la famille royale. Là encore, personne n'est dupe. [...] Cela n'interdit pas de recourir à la science de tous les médecins possibles. [...] surtout le Bénéventin Angelo Cato, à la fois médecin, astrologue et aumônier. Ses qualités d'astrologue ne l'ont pas desservi : il aurait prédit sa chute au Téméraire. [...] On fait venir "le bon médecin qui a guéri Monseigneur de Lorraine" [...]


Un personnage apparaît alors, qui tient le rôle d'un véritable directeur de conscience : c'est un ermite calabrais dont la réputation a franchi les montagnes, Francesco da Paola, qui sera en français saint François de Paule. Il passe pour faire des miracles. Il est lui-même une sorte de miracle : sans avoir rien appris, il est lettré. De même qu'il a fait venir toutes sortes de saints hommes dont il attendait le miracle, Louis XI, à la fin de 1482, a sollicité sa venue. Comme la règle des Minimes ne prévoit pas ce genre de déplacement, on demande l'accord du pape, un accord que Sixte IV s'empresse de donner avec le secret espoir que le roi  lui en saura gré et fera quelques concessions politiques pouvant aller jusqu'à une rupture avec Venise. Dans le même temps, le roi envoie jusqu'à Naples deux de ses maîtres d'hôtel pour accompagner le thaumaturge. Faible et déjà fort âgé - il a alors soixante-sept ans - l'ermite sera transporté en litière. Un ambassadeur du roi Ferrante de Naples l'accompagne. La ville de Lyon lui réserve en avril un accueil d'exception : le roi a prescrit qu'on le traite "comme si c'était notre Saint Père". Sur commande de la ville, le peintre Jean Perréal décore la litière dans laquelle on va le conduire. En mai, le saint est à Tours. Logé au Plessis même, il y est l'objet de tous les égards. Le roi malade veille lui-même à ce que, pour végétarien que soit l'ermite, le régime soit de qualité : le 29 juin, il ordonne au général des finances en Languedoc d'envoyer d'urgence des oranges douces, des citrons, des poires muscadelles et des pastenargues.
------> St François de Paule et Louis XI [#]
------> Jean Perréal, peintre
[#]

Mort de Louis XI - miniatureminiature
La mort de Louis XI
(source : site alamy)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le saint homme a du bon sens. Il explique au roi qu'il n'y a pas à espérer un miracle : l'essentiel est de se préparer à une sainte mort. Le secours spirituel l'emporte sur l'illusion. François de Paule sera pour beaucoup dans la résignation que montrera finalement le mourant.
------> L'art de bien mourir : les "Ars Moriendi" au XVe siècle [#]

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même auteur, extraits d'un autre ouvrage :
Métiers (1) Apprentis & Valets [#] - Métiers (2) Valets & maîtrise [#] - Tout sur le pendu médiéval (carte XII Le Pendu) [#] - Le coup des deux pots de vin [#] - Les tavernes parisiennes au XVe siècle (carte XIV Tempérance) [#] - Les Quatre animaux (carte XXI) [#]

 

L  I  E  N  S 

L'AUTEUR DU TEXTE : 
Jean FAVIER (1932-2014), médiéviste, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
http://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/favier-jean

PERSONNAGES CITES :

St François de Paule (1416-1507) :
nouvl.evangelisation.free.fr/francois_de_paule.htm
www.newadvent.org/cathen/06231a.htm
Louis XI roi de France (1423-1483) :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Louis_XI/130423

http://www.histoire-france.net/moyen/louis11

fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XI

Sixte IV, pape (1414-1484) :
www.newadvent.org/cathen/14032b.htm
Ordre des Minimes :
fr.wikipedia.org/wiki/Minimes_(ordre_religieux)


ILLUSTRATIONS

Giacomo TARTAGLIA : statue en bois peint de San Francesco di Paola, église de Trapani
https://www.tp24.it/2016/12/16/religioni/trapani-ritorna-all-antico-splendore-la-statua-di-san-francesco-di-paola/105471

Les artistes de Trapani (en italien) : http://www.trapaninostra.it/libri/mario_serraino/Trapani_nella_vita_civile_e_religiosa/Trapani_nella_vita_civile_e_religiosa_14.pdf

Château de Plessis-lès-Tours :
photos : https://monumentum.fr/chateau-plessis-les-tours-pa00097942.html
gravure ancienne :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Hateau_de_Plessis-les-Tours_Courtyard_Louis_Boudan.jpg

9 juin 2018

Les ermites prédicateurs attirent les pauvres

carte VIIII L'Hermite [#]

Michel MOLLAT : Les pauvres au Moyen Age, étude sociale,
collection "Le temps & les hommes", HACHETTE 1978
[extraits pp. 97 sq.] //////////////////////////////////////////////////////////////////

 

Le bâton et l'abbaye

bâton en Tau de Robert d'ArbrisselBâton abbatial de Robert d'Arbrissel (cuivre et cristal de roche) conservé au prieuré de Ste-Marie de Fontevraud La Barre

De l'un des plus illustres ermites français du début du XIIe siècle, Robert d'Arbrissel, il subsiste deux souvenirs majeurs, bien différents l'un de l'autre. Le premier, pieusement conservé au prieuré [Sainte-Marie-de-Fontevraud] de Chemillé, en Anjou, n'est qu'un simple bâton, muni d'une pique de bronze et surmonté du tau de saint Antoine l'Ermite. Le second est l'imposant ensemble monumental de l'abbaye de Fontevraud constitué au cours des siècles, sur la fondation primitive de Robert; hormis l'église il est vrai, que pouvait-il subsister du campement initial groupant, autour d'un sanctuaire, des habitations d'hommes et de femmes, de nobles et de manants, de laïcs pieux et de clercs, de vagabonds et de prostituées ? Le bâton n'a rien d'une crosse abbatiale; il était l'instrument utilitaire d'une pérégrination pastorale. La pierre des constructions traduit, au contraire, la stabilisation d'errances sociales et la concrétisation des foisonnements spirituels. Ces contrastes sont significatifs et résument toute une partie de la rencontre de la pauvreté vécue et de l'érémitisme. C'est cette rencontre qu'il convient d'analyser, plutôt que de résumer l'histoire connue de l'érémitisme. Comment expliquer la relation entre ermites et pauvres ? où et de quelle manière s'est-elle effectuée ? Que furent ses résultats ?
------> Bâton de l'ermite [#]

 

Flambée d'érémitisme sur fond de calamités

La coïncidence chronologique et géographique est évidente entre la flambée de l'érémitisme, de Pierre l'Ermite à Eon de l'Etoile, et les vagues de la misère, de la famine de 1095 à celle de 1144. D'une part, la réforme grégorienne faisait lever la semence jetée naguère aux temps de saint Romuald (+1027) et de saint Pierre Damien (1007-1072), d'autre part, les calamités éprouvaient les générations plus nombreuses d'un essor démographique naissant. Mais ni d'un côté, ni de l'autre, ces phénomènes n'étaient des nouveautés. Les foules qui suivaient Pierre l'Ermite venaient de la Chrétienté entière, mais la plupart des ermites et de leurs disciples ne prirent jamais la route de l'Orient.
------> Saint Pierre Damien, ami de l'impératrice Agnès [#] - St Romuald [#]
------> 1ère croisade de 1095 : défilé à la montagne d'ossements [#]

On peut noter deux faits : la prédominance de l'impact érémitique sur les masses populaires dans quelques régions, et la simultanéité de ces aspects régionaux. Sur le plan régional, aux ermitages italiens sont venus s'ajouter ceux du pays toulousain, des régions correspondant à l'ancienne Lotharingie et surtout ceux de l'Ouest, de la Normandie au Limousin; en Europe centrale, ceux de l'Allemagne du Sud, des parties occidentales des pays slaves (Pologne, Bohême) et de Hongrie. Des indices sont perceptibles en nombre croissant en Espagne du Nord et au Portugal; ; en Angleterre enfin, l'érémitisme connut une floraison analogue à celle l'ancien monachisme du IXe siècle. Presque partout, les plus grands noms de l'érémitisme pastoral furent contemporains. Plus que la date de leur naissance, celles qui importent sont le moment de leur retraite du monde et celui de leur mort. Saint Bruno assigna aux Chartreux un rôle exemplaire exceptionnel. Mais avant lui, et peu après lui, vers 1076-1078 et 1089, Etienne de Muret et Geoffroy de Chalard avaient, eux aussi, précédé la troupe des prédicateurs itinérants qui, partant du "désert", allaient évangéliser les foules. C'est entre 1095 et 1110 que certains des plus célèbres adoptèrent la vie érémitique : par exemple Pierre l'Ermite, Vital de Mortain, Robert d'Arbrissel, Bernard de Tiron, Raymond Gayrard, Aldwine en Angleterre. Vers 1130-1140, la plupart avaient disparu, mais Guillaume de Verceil en Italie mourut en 1142, Etienne d'Obazine en 1159, et en Angleterre, où la longévité semble particulière, Godric de Finchale vécut centenaire, jusqu'en 1170, après 70 ans d'un érémitisme mouvementé.
-----> St Romuald [#] - autres ermites fondateurs en Italie [#]

 

 

Ermites, pénitents, fugitifs, vagabonds : des similitudes

L'attraction réciproque des ermites prédicateurs et itinérants et de leur clientèle de pauvres gens résultait de circonstances diverses dont les principales étaient sans doute, le partage d'un certain genre de vie, une similitude d'attitudes envers le corps social, une convergence des aspirations profondes, pour autant qu'elles soient connues. La rencontre de l'ermite et du fugitif en pleine forêt n'est pas seulement un cliché littéraire. L'âpre errance de Tristan et d'Yseut, hors des règles de la vie sociale, en pleine forêt du Norois, était, nous le savons, celle des "jeunes" d'ascendance chevaleresque en rupture avec leur famille; l'ermite Ogrin, appuyé sur sa béquille, qui les sermonne à grands renforts de prophéties de l'Ecriture Sainte et finit par leur pardonner, n'est pas non plus un personnage imaginaire. Les prototypes ne manquent pas. A la fin du XIe siècle, saint Haimrad, né en Souabe, chassé de partout et par tous, même par les paysans, pourchassé par les chiens d'un curé indigne, négligé dans sa tenue et dans son langage ("D'où vient ce diable, disait-on ?"), finit par s'installer dans une montagne boisée de la Hesse et par acquérir la sympathie des habitants et du seigneur du village voisin. L'habitus de l'ermite ressemble à celui du pénitent et ne se distingue pas de celui du clochard et du vagabond : des haillons, une peau de mouton, une tunique avec capuchon et des bottes.
-----> Tristan et Yseut dans la forêt [#]
-----> habit de l'ermite [#
] [#]

Les allusions de l'auteur du Liber de diversis ordinibus (vers 1130) ne démentent pas la description donnée par Marbode, évêque de Rennes, de l'accoutrement de Robert d'Arbrissel, indécent pour un clerc : déguenillé (pannosus) comme les mendiants, il voulait ressembler au précurseur du Christ. A demi nu (seminudo crure) il avait, dit encore Marbode, la "barbe prolixe"; c'était aussi l'image des convers de Grandmont. Poussant la négligence à l'extrême, certains étaient sales et pouilleux, comme Etienne d'Obazine. Tel est demeuré le portrait-robot de l'ermite : menant dévote vie / dedans le haut bocage / au fond du bois ramée. Et c'est bien encore "l'apparence brutale et sans soins, cheveux en broussaille et barbe hirsute", de l'ermite décrit vers la fin du siècle par Pierre le Chantre. Ainsi le voyait aussi Herrade de Landsberg sur l'Echelle du Paradis dans l'Hortus Deliciarum. L'ermite proclame sa haine de l'argent, témoigne avec ostentation d'une "recherche outrancière" [...]
-----> symbolique de la barbe [#]
-----> Herrade de Landsberg (miniatures du "Hortus Deliciarum") : l'échelle [#] - la Roue de Fortune [#]


La pauvreté voulue

Comme le Christ qui n'avait pas une pierre où déposer la tête, l'ermite dort à même le sol et, s'il s'installe quelque part, c'est très sommairement. Il choisit souvent un "lieu affreux"; l'ermite Girard aménage une cabane de branchages à Montreuil-Bellay; une grotte suffit à quelques disciples de Bernard de Tiron, à Fontgombaud, sur les rives de la Creuse. D'autres ont maçonné de façon très rustique l'oratoire de cinq mètres de large et la cellule entourée d'un petit jardin dont les vestiges subsistent à la Butte Saint-Louis en forêt de Fontainebleau. Un jardinet, car l'ermite est végétarien. Suivant cet exemple, Tristan décide, avec Yseut, d'être "mendiant et vivre d'herbes et de glands". L'ermite consomme rarement de la viande, mais plus souvent, chez les anachorètes insulaires de Cordouan (en Gironde), de Bretagne et d'Angleterre, du poisson. Il y ajoute lait, oeufs, pain, bouillies, légumes, fruits sauvages, miel : nourriture de paysan pauvre. Du pauvre, l'ermite partage aussi le travail manuel qui procure au jour le jour la subsistance : c'est un peu de culture et d'élevage, le travail du bois, la poterie, la vannerie, comme chez les Pères du désert.
------> habitat de l'ermite [#] - nourriture et vie ascétique [#]

armoire contenant la chasse de Geoffroy de ChalardPrieuré du Chalard (87)
Armoire contenant la chasse de Geoffroy de Chalard


A quelques variantes près, tel était le genre de vie des ermites des forêts limousines, de celles du bas Maine, autour de Craon, de la Normandie et du Perche, des forêts anglaises, ardennaises, vosgiennes, alpines et de l'Allemagne centrale. L'ermite est un pauvre, un exclu volontaire; il vit comme un pauvre et comme un rejeté. "Pauper ego, mendicus ego", disait l'ermite Blandin, gardien de cochons.  Il était fils de serf - Haimrad aussi -, mais avec la dispense canonique, il avait accédé au sacerdoce. Ces cas étaient rares et, la plupart du temps, les ermites s'étaient faits pauvres. La voie la plus courante, celle qu'admettait Yves de Chartres, était le passage préalable par l'état monastique ou clérical. La détermination de la retraite au "désert" pouvait résulter d'un échec dans l'exercice d'une fonction (ce fut le cas de Robert d'Arbrissel et de Bernard de Tiron), de l'influence attirante d'autres ermites comme pour Christian de l'Aumône ou Hugues de Lacerta, d'une pulsion intérieure vers l'oraison et la pénitence dans le cas de Geoffroy de Chalard ou de saint Bruno, parfois consécutive à un pèlerinage à Rome ou en Terre sainte (Haimrad, Bernard de Tiron).

Entrée et sortie de la retrait érémitique

La retraite, temporaire ou définitive, peut s'achever par l'adoption de la vie cénobitique dans un monastère traditionnel. On a signalé, avec raison, l'influence exercée sur les vocations érémitiques par les clercs les plus instruits et notamment les écolâtres diocésains; parmi ceux-ci, la connaissance plus approfondie des sources chrétiennes développa l'idéal de l'imitation du Christ et des Apôtres; ailleurs, par exemple en Limousin, à Grandmont et à l'Artige, l'exemple oriental, connu en Calabre ou passé par Venise, a pu apporter des modèles méconnus ou oubliés.


 

Stephen_Muret_Hugh_Lacerta_MNMA_Cl956aGRANDMONT : plaque émaillée du retable du maître-autel
Saint Etienne de Muret et Hugues de la Certa
cuivre champlevé, gravé, ciselé, émaillé, doré (Limoges 1189-90)
Musée du Moyen Age Paris-Cluny (wikimedia)


L'étape vers l'érémitisme n'était pas nécessairement ecclésiastique. Un Christian de l'Aumône était simple berger quand il entra au désert un peu avant 1120; Hugues de Lacerta, chevalier, lorsque vers 1109 il se retira à Muret; Garnier de Montmorency, chevalier, puis moine, puis ermite en 1100. Un passage, digne de foi, de la vie de Bernard de Tiron atteste l'ascendance aristocratique de nombre de ses compagnons et il y a peu de raison pour que, autour de lui, le recrutement ait été différent de celui des autres ermites. Geoffroy de Chalard ne se retira avec deux compagnons dans une forêt du Limousin qu'après avoir, du temps où il était laïc, étudié à Troyes et à Limoges tout en logeant chez un marchand, et après avoir reçu ensuite la prêtrise à Périgueux. Waderic était de naissance noble avant d'avoir été moine à Saint-Pierre de Gand. Donc, si le mouvement érémitique a entraîné des foules à sa suite, l'impulsion initiale vint rarement de pauvres, mais généralement d'hommes et de femmes instruits et d'origine riche qui, s'inspirant de saint Paul,  ont voulu imiter le Christ et se faire pauvres. C'est ainsi qu'ils ont, par leur genre de vie, rejoint les vrais pauvres et surtout une population mal encadrée par les institutions féodales et ecclésiastiques.

 

Vivre pauvre parmi les pauvres

C'est également comme des pauvres que les ermites sortaient de leurs refuges : à pied, et même pieds nus, ou sur un âne, l'humble monture de Jésus entrant à Jérusalem. Car si l'on allait, comme Tristan, consulter l'homme de Dieu dans sa forêt, celui-ci venait aussi vers les fidèles. Ainsi, sa clientèle est double. La plus proche, et qui lui est la plus chère, était celle des pauvres. La nouveauté n'était pas qu'un Vital de Savigny, un Gayrard de Toulouse, un Guillaume de Hirschau, les ermites de Montevergine ou ceux d'Angleterre, comme Aldwine, saint Caradoc et Godric de Finchale viennent en aide aux pauvres et que certains, tels les moines de Grandmont et de Muret, donnent l'exemple du pauvre secourant de plus pauvres encore. Ce qui parut insolite et inquétant pour Geoffroy, abbé de Vendôme, et pour Marbode, c'était la clientèle des ermites : lépreux et prostituées accouraient à l'annonce de la bonne nouvelle d'un Christ qui aima Lazare et pardonna à Marie Madeleine. L'époque connut alors la diffusion du culte de cette sainte et la vogue des pèlerinages de Vézelay et des Saintes-Maries-de-la-Mer. Restaurer la dignité des exclus et les réintégrer étaient attitudes nouvelles. A Fontevraud, les lépreux n'étaient pas relégués à distance, et les femmes repenties étaient intégrées à la vie communautaire. C'est au milieu de ses "chers malades et bien-aimés lépreux" que Robert d'Arbrissel voulut mourir. On était passé [...] à la conversatio inter pauperes : vivre pauvre parmi les pauvres et ne pas se contenter de se pencher sur eux.
------> Ste Marie Madeleine [#] - iconographie [#] - vénération ancienne à Vézelay [#]
------> Monte Vergine [#
]

Cependant, parmi les foules qui affluaient vers les ermites, se trouvaient des gens de toutes conditions; artisans du bois et du fer, orfèvres, peintres et maçons, viticulteurs et agriculteurs. Au mécontentement de la hiérarchie épiscopale, exprimé par Marbode, ils délaissaient le clergé paroissial, poussés, pensait-il, moins par l'amour de la religion que par la curiosité et l'attrait de la nouveauté. Ils n'étaient ni riches ni puissants, mais pas davantage mendiants, et ce sont eux qui révèlent la véritable porte sociale du mouvement érémitique. Les prédicateurs populaires, itinérants et proches de la foule, ont su percevoir la détresse des malheureux et les aspirations du plus grand nombre. [...] L'épisode du moine Henri, au Mans, est assez révélateur des limites que le courant pouvait être tenté de franchir. Vers 1100, semble-t-il, alors que l'évêque Hildebert de Lavardin, lui-même admirateur des ermites et en particulier de Robert d'Arbrissel, était parti à Rome, Henri de Lausanne avait jeté l'émoi dans la ville. La pauvreté de son aspect extérieur, son éloquence et la mise en scène qui l'accompagnait, son succès apostolique auprès des prostituées avaient charmé les fidèles, notamment dans les faubourgs, au-delà des espoirs du prélat. Le désordre provenait moins des théories hérétiques, plus tard dénoncées, que de la violence de la dénonciation des moeurs peu édifiantes du chapitre cathédral non encore réformé. Le peuple était enthousiasmé par une réponse ardente à ses exigences de PURIFICATION [souligné par le blog] .

pauvreté = pureté

Voici exactement, en effet, le point de rencontre de l'érémitisme et de la pauvreté : l'identification entre celle-ci et la pureté. L'affaire du Mans comporte une analogie avec la Pataria milanaise du XIe siècle. Il n'est pas étonnant que les aspirations religieuses se soient manifestées avec turbulence dans une ville dont l'ardeur avait explosé dès 1070, dans un mouvement communal précoce pour la France. Ces aspirations appartiennent à un courant essentiellement spirituel, apparu dans les masses travaillées par l'inquiétude du salut sous l'impulsion de la réforme grégorienne. La protestation populaire contre la richesse du clergé n'est pas de nature économique, elle n'est anticléricale que par occasion. Loin d'être antireligieuse, elle est l'explosion, au contraire, d'une assimilation faite entre pureté et pauvreté; allant jusqu'au bout du programme grégorien, elle exigeait du clergé la pratique d'une pauvreté dont le monde des plus défavorisés proposait un modèle idéalisé.

Raviver la flamme de la charité

L'exubérance des aspirations à la pure pauvreté explique le rayonnement et le contraste des aspects, opposés à l'extrême, auxquels la rencontre de la pauvreté vécue et de l'érémitisme pouvaient conduire.

Il était inévitable que la pratique de l'érémitisme, en marge des institutions et des coutumes, connût des excès. A côté de ceux qui professaient des opinions jugées hérétiques comme Henri de Lausanne et des excentriques comme Eon de l'Etoile, certains ne surent pas garder la mesure. Marbode avait mis en garde Robert d'Arbrissel contre la présence, dans les ermitages, de femmes dont la vocation n'avait pas été éprouvée. A Grandmont et à Fontevraud, on sut faire une place équilibrée à la femme dans la vie communautaire; Pétronille de Chemillé y a exercé une influence et un rôle décisif. On toléra des témérités, dont l'une des plus connues est celle d'Hervé (mort en 1119); sorti de l'abbaye de Vendôme, il partagea son ascétisme avec une nonne d'origine anglaise, Eve, qui lui tenait lieu de servante, et dont la vertu a pu, cependant, lui mériter le titre de bienheureuse dans la biographie rimée qui lui fut consacrée au XIIe siècle. [...]

Notre propos n'a pas pour objet de montrer que, sauf chez les Chartreux, les mouvements érémitiques n'ont survécu à leurs initiateurs que par une sorte de "récupération" institutionnelle dans les cadres du cénobitisme. Au bénéfice des pauvres, la flambée [d'érémitisme] a, bel et bien, ravivé la flamme de la charité et attiré l'attention sur eux. Etre attentif, c'est d'abord voir et reconnaître. Homme des bois, l'ermite a, en quelque sorte, exorcisé la forêt; dans le silence, il y a médité et rencontré Dieu; par lui, le mythe de la forêt a perdu quelque chose de sa charge maléfique. Pauvre, laïc et solitaire, il a montré à une société tourmentée par l'au-delà que la sainteté n'exige pas, selon le schéma conventionnel, une haute naissance, une richesse bienfaisante, ou le cloître. L'ermite a essayé de soulager la misère et de restaurer la dignité humaine de rejetés. Il a tenté de révéler le reflet du visage du Christ souffrant. Réconfortant les pauvres, stimulant les favorisés, il a voulu annoncer à tous le salut par la pauvreté, pour les pauvres et par les pauvres.

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autre extrait : [#] Les vagabonds à la fin du Moyen Age (carte LE MAT)

 

L  I  E  N  S

PERSONNAGES CITES :

BERNARD DE TIRON : www.abbayes.fr/histoire/saints/a_g/bernard_de_tiron.htm
fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_de_Tiron

BLANDIN DE MEAUX (VIIe s.) : www.amisaintcolomban.org/wordpress/wp-content/uploads/27_Blandin.pdf
saint BRUNO : www.newadvent.org/cathen/03014b.htm
CHRISTIAN DE L'AUMONE :
EON DE L'ETOILE (+Reims 1148) : https://www.universalis.fr/encyclopedie/eon-de-l-etoile/
saint ETIENNE DE MURET, fondateur de GRANDMONT (+ 1124 ou 1125) :

www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/ambazac/saintetiennedemuret.html
vita (en français) : http://grandmont.pagesperso-orange.fr/Vita%20%20A%20.pdf
article (en anglais) : http://www.hermitary.com/articles/muret.html
ETIENNE D'OBAZINE (ca 1085-1159) : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_d%27Obazine
GEOFFROY DE CHALARD : https://www.limousin-medieval.com/saint-geoffroy-du-chalard
GIRARD DE ROUSSILLON : fr.wikipedia.org/wiki/Girart_de_Roussillon
GODRIC DE FINCHALE (+1170) : nominis.cef.fr/contenus/saint/7038/Saint-Godric.html
www.online-literature.com/charles-kingsley/the-hermits/14/
www.samizdat.qc.ca/arts/lit/beuchner/

GUILLAUME DE HIRSCHAU (+1091, Bavière) :
http://data.bnf.fr/12171502/guillaume_d_hirschau/#author.other_forms

saint HAIMRAD/HEIMRADE (ca 970-1019) : en.wikipedia.org/wiki/Heimerad
HENRI DE LAUSANNE :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/henri-de-lausanne-henri-l-heretique-henri-de-bruys/

HERRADE DE LANDSBERG (+1195) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Herrade_de_Landsberg
HERVE [HERVE DE CHALONNES, + 1119] : mention sur missel.free.fr/Sanctoral/06/17.php

HILDEBERT DE LAVARDIN, évêque du Mans : www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Hildebert_de_Lavardin/173981
fr.wikipedia.org/wiki/Hildebert_de_Lavardin

HUGUES DE LACERTA (+1157) co-fondateur de l'Ordre de Grandmont :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hugues_de_La_Certa

MARBODE, évêque de Rennes (1035-1123) : www.europahumanistica.org/?Marbode-de-Rennes-presentation-et-bibliographie
Ste MARIE MADELEINE : http://www.newadvent.org/cathen/09761a.htm
PATARINS (hérétiques) : https://www.universalis.fr/encyclopedie/patarins/
histoire des hérésies : http://www.newadvent.org/cathen/07256b.htm
PETRONILLE DE CHEMILLE, 1e abbesse de Fontevraud :
www.archives49.fr/histoire-de-lanjou/pages-choisies/le-tresor-de-labbaye-de-fontevraud/
saint PIERRE DAMIEN : www.newadvent.org/cathen/11764a.htm
ROBERT D'ARBRISSEL : fr.wikipedia.org/wiki/Robert_d%27Arbrissel
Saint ROMUALD de Ravenne (ca 951/956 - 1027) fondateur des Camaldules :
missel.free.fr/Sanctoral/06/19.php
viechretienne.catholique.org/saints/2322-saint-romuald
www.newadvent.org/cathen/13179b.htm
www.introibo.fr/07-02-St-Romuald-abbe
(messe de St Romuald)

VITAL DE MORTAIN ou DE SAVIGNY (+ ca 1120) : fr.wikipedia.org/wiki/Vital_de_Savigny
shapfougeres.blogspot.fr/2012/02/abbaye-de-savigny-ii-saint-vital_28.html
YVES DE CHARTRES, canoniste et théologien (+ ca 1117) : fr.wikipedia.org/wiki/Yves_de_Chartres

 

LIEUX CITES :

CORDOUAN (Gironde) : http://www.pays-royannais-patrimoine.com/themes/architecture-et-design/objectif-phares/l-histoire-du-phare-de-cordouan/
Forêt de FONTAINEBLEAU - butte Saint-Louis :
http://patrimoine.blog.pelerin.info/2017/07/20/archeologie-ermitage-saint-louis-foret-de-fontainebleau/

http://www.lt.aaff.fr/images/VOIX-DE-LA-FORET/HISTOIRE-2/labuttesaintlouis.pdf
FONTEVRAUD : www.archives49.fr/histoire-de-lanjou/pages-choisies/le-tresor-de-labbaye-de-fontevraud/
FONTGOMBAUD : https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_Fontgombault
GRANDMONT : https://www.limousin-medieval.com/grandmont
LE CHALARD : fr.wikipedia.org/wiki/Le_Chalard
LOTHARINGIE : fr.wikipedia.org/wiki/Lotharingie
MONTEVERGINE : http://www.newadvent.org/cathen/15644b.htm
MORTAIN : photos.piganl.net/2009/mortain/chapelle.html
SAINTES-MARIES-DE-LA-MER : http://www.lessaintesmaries.fr/histoire

ORDRES RELIGIEUX CITES :
L'Artige : http://grandmont.pagesperso-orange.fr/Ordre_de_l_artige.htm
Chartreux : http://www.chartreux.org/fr/index.php
http://www.newadvent.org/cathen/03388a.htm
Fontevraud : dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com
Grandmont : https://www.universalis.fr/encyclopedie/ordre-de-grandmont/

ILLUSTRATIONS :
Bâton de Robert d'Arbrissel : http://www.saumur-kiosque.com/infos_article.php?id_actu=2423
Châsse de Geoffroy de Chalard : http://p2.storage.canalblog.com/28/00/978697/105717800_o.jpg
Plaque émaillée du retable du maître-autel de Grandmont, cuivre champlevé, gravé, ciselé, émaillé, doré (Limoges 1189-90)
Musée du Moyen Age Paris-Cluny (wikimedia) :

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Stephen_Muret_Hugh_Lacerta_MNMA_Cl956a.jpg

 

 

7 juin 2018

Autres ermites fondateurs d'ordres en Italie

Ils ne l'avaient pas forcément voulu au départ. Pourtant, bien des ermites se retrouvèrent à devoir organiser la vie religieuse des disciples que leur solitude ascétique avait attirés auprès d'eux. En voici quelques-uns (moins célèbres que St Romuald), fondateurs d'ordres en Italie.

Carte VIIII L'HERMITE [#]

Ivan GOBRY : La civilisation médiévale TAILLANDIER, 1999, ISBN  2-235-02211-1
[extrait p. 312 sq.] ///////////////////////////////////////////////////////////////////

Les ordres réformateurs des XIe et XIIe siècles [...] sont apparus concurremment en Italie et en France. St Romuald ----->[#]

 

1200px-Vallombrosa

Abbaye de Vallombreuse (Toscane)

L'ordre de Vallombreuse fut établi par un disciple, à vrai dire passager, de saint Romuald, saint Jean Gualbert, né vers 995 à Florence. D'abord bénédictin à San Miniato de Florence, il quitta son monastère parce que le nouvel abbé était simoniaque, puis demanda son admission à Camaldoli, qu'il quitta aussi après quelques années, pour trouver une solitude plus profonde; il la trouva à Vallombrosa, entre Camaldoli et Florence. Des disciples allèrent l'y rejoindre, et il se constitua un groupe anachorétique, puis, selon un schéma éprouvé, une communauté véritable. Jean Gualbert lui donna la règle de saint Benoît, à laquelle il ajouta de courtes constitutions. Les religieux au froc gris, étaient partagés en deux catégories :
- les moines, voués à la clôture stricte,
- et les convers, qui assuraient la communication avec le monde;
cette distinction apparaît pour la première fois dans l'histoire monastique. On y trouve aussi, mêlés, clercs et laïcs, Jean Gualbert persistant à conserver le second état, à l'image de saint Benoît. L'accent était mis sur la pauvreté, qui devait être extrême. Le fondateur mourut en 1073, après avoir vu son ordre approuvé par Victor II en 1055.

 


Monte Vergine

Abbaye du Mont-Vierge (Bénévent)

L'ordre de Monte Vergine fut fondé par saint Guillaume de Verceil (+1142), ainsi appelé parce qu'il naquit dans cette ville vers 1085. A l'âge de quinze ans, étant orphelin, il revêtit l'habit de pèlerin, et prit le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, pieds nus et le torse serré de cercles de fer. Puis, cherchant un lieu propice à une stricte solitude, il se rendit en Pouille, et s'aventura sur le mont Laceno, où il rencontra Jean de Montera, futur fondateur de l'ordre de Pulsano [qui, très jeune, fut d'abord ermite dans une île du golfe de Tarente]. Après une vie érémitique en commun, ils se séparèrent, et Guillaume se fixa sur le mont Virgiliano, ainsi nommé parce qu'on supposait que Virgile y avait fait un séjour. En 1119, il se forma autour de lui un groupe anachorétique, qui construisit une chapelle en l'honneur de la Vierge; et le lieu se changea en "Monte Vergine". Le pape Calixte II érigea cette colonie en institut religieux. Cepandant, Guillaume, constatant que l'abondance du recrutement nuisait à l'esprit primitif, donna pour abbé aux nouvelles recrues son disciple Albert, et, avec ses compagnons les plus fervents, alla édifier un nouveau monastère à Serra Cognata. Là encore, il reçut de nouveaux religieux. Il fit bâtir pour eux à Guglieto, près de Nusco, deux nouvelles maisons, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. A celles-ci, il donna des constitutions propres, remarquables par leur extrême rigueur : abstinence perpétuelle de viande, de laitages et de vin; trois fois par semaine, pain sec et herbe crue; en Avent et en Carême, l'herbe elle-même était proscrite. Guillaume mourut le 25 juin 1142, laissant pour abbé général des fondations le moine Albert, qui le rejoignit sept ans plus tard dans la tombe. Le nouveau général, Robert, constatant que les règlements étaient au-dessus des forces humaines, rédigea des constitutions qui en adoucissaient la rigueur, et adopta la règle de saint Benoît. Le pape Alexandre III donna sa caution à cette transformation. [...]

 


St Guillaume de Maleval - Beck

Léonhard BECK (Augsbourg ca 1480-1742)
Saint Guillaume de Maleval, ermite

Les Guillelmites furent établis en Italie par un saint Français, Guillaume de Maleval. D'abord chevalier qui mena une vie licencieuse, il se transforma en pèlerin, se rendit à Compostelle, puis en Terre sainte. A son retour, en 1153, il trouva non loin de Pise, dans l'île de Lupocavio, un lieu désert pour y vivre en ermite, qu'il abandonna bientôt devant l'importunité de disciples fantaisistes. Cette expérience se renouvela sur le mont Pruno. Finalement, en 1155, ayant pris la route de Grosseto, il entendit parler à Buriano d'une certaine vallée effrayante, l'Etable de Rhodes, que la population appelait "Malavalle", et sur laquelle elle racontait des histoires épouvantables. Guillaume estima que c'était là le lieu le plus propre à ne pas être dérangé; il y trouva une grotte propice à ses projets, et y fut bientôt découvert par le seigneur du lieu, qui lui fit construire une cellule en dur. Au bout de quatre mois de solitude, il y accueillit un compagnon selon son coeur, Albert. Tous deux menèrent une vie de féroce pénitence, que Guillaume abandonna en février 1157, tué par les macérations autant que par la maladie.
------> ermites à plusieurs [#]

Albert l'enterra près de sa cellule, mais le renom de sa sainteté attira les pèlerins; un certain nombre voulurent imiter sa conduite, et bâtirent un monastère. Albert leur imposa les pratiques de Guillaume, dont ils portèrent ainsi le nom. De nouvelles recrues arrivèrent de partout, et il fallut édifier des succursales. Au XIIIe siècle, Grégoire IX les approuva, fixa leur dénomination : les Ermites de saint Guillaume, et leur fixa des constitutions mitigées, qu'Innocent IV appprouva en 1248 en réglementant le gouvernement de l'ordre. En 1286, Alexandre IV le fusionna avec d'autres pour en faire l'ordre mendiant des Ermites de saint Augustin. Cependant, devant les protestations de nombreux supérieurs, le pape leur laissa la liberté de choix; ceux qui optèrent pour l'indépendance à l'égard des Augustins allèrent s'établir dans la banlieue de Paris, à Montrouge, puis à Paris intra muros, où ils s'installèrent dans le monastère des serviteurs de la Vierge Marie, populairement appelés Blancs-Manteaux, et qui venaient d'être supprimés au concile de Lyon de 1274. En 1298, ceux de Montrouge rejoignirent leurs frères; et l'on continua d'appeler leur monastère Notre-Dame des Blancs-Manteaux.

 

Ordre de Flore [ultérieurement rattaché à Cîteaux]

Plus célèbre est l'ordre de Flore, à cause de son fondateur, Joachim, qui trouva maint disciple délirant pour ses oeuvres écrites. Il naquit vers 1133 à Celico en Calabre. Lui aussi ressentit dès sa jeunesse l'appel à la solitude; mais, ne pouvant l'obtenir dans un lieu désert, il la chercha sans cesse dans la maison et le domaine de son père, puis à la Cour de Roger II de Sicile, où il avait été envoyé comme page. A vingt ans, il partit pour Constantinople avec l'ermite André, auquel il rendait visite assidûment dans sa grotte du Monte Pellegrino, près de Palerme; arrivé pendant une épidémie de peste, il employa ses journées à ramasser les cadavres et à leur donner une sépulture; continuant son chemin à travers l'Anatolie et la Syrie, il parvint enfin à Jérusalem, où il demeura un an, puis visita les Lieux saints de Galilée. Revenu en Italie par la longue voie terrestre, il se présenta à l'abbaye cistercienne de Sambucina, où il obtint le statut de "familier", c'est-à-dire de séculier menant la vie conventuelle et rendant quelques menus services. Il s'improvisa alors prédicateur. Tancé par l'abbé, il se transporta dans un autre monastère cistercien, Corazzo, et cette fois demanda l'habit; à la mort de l'abbé (1176), les moines l'élurent pour lui succéder; or, comme il avait formé le projet d'écrire de gros ouvrages, et que cette charge était incompatible avec une telle tâche, il s'enfuit nuitamment; mais, menacé d'excommunication, il retourna au milieu de ses moines, et délégua ses pouvoirs au prieur, vivant à l'écart dans une quasi solitude. L'abbé de Casamari offrit une retraite à son collègue pour une période que nous appellerions sabbatique (1185). Ce fut là que Joachim écrivit, aidé par trois secrétaires, enthousiastes, les ouvrages qui seraient regroupés plus tard sous le nom d'Evangile Eternel. En 1188, sachant qu'il était tenu en suspicion à Rome, il alla trouver Clément III nouvellement élu et lui offrit à lire le premier de ses ouvrages, la Concordance de l'Ancien et du Nouveau Testament. Le pape, après une lecture rapide, encouragea l'auteur à continuer, et lui donna l'autorisation de renoncer à sa charge abbatiale. Il s'était préparé, en attendant cet heureux événement, un ermitage à Petralata. Il s'y croyait tranquille et ignoré; mais des dizaines de disciples fervents l'y rejoignirent; ce refuge était trop étroit; ce fut alors qu'il émigra dans le domaine de Fiore(en latin Flora), au sein de la montagne calabraise, et qu'il édifia avec les siens un village monastique, avec au centre une église dédiée à saint Jean-Baptiste, le premier des ermites.
------> St Jean Baptiste modèle spirituel des ermites [#]

Abbazia Florense

Abbaye de Flore (Calabre)


En 1192, le chapitre général de Cîteaux, accablé de plaintes contre le prophète de Fiore, le somma de comparaître; mais il refusa, et demanda à Célestin III d'être relevé de son obédience; contre l'avis du grand ordre, il obtint d'être considéré comme abbé d'un institut indépendant. Le 21 avril 1196, l'empereur Henri VI, prenant Joachim sous sa protection, lui délivrait un diplôme reconnaissant l'abbaye de Flore, et lui accordant la rente fastueuse de cinquante besants d'or. De son côté, Célestin III, qui n'avait d'ailleurs lu qu'une partie de son oeuvre, approuva sa doctrine (25 août 1196). Quand il mourut, le 30 mars 1202, les abbés des différents monastères établis par lui et ses disciples se réunirent et proclamèrent l'existence d'un unique institut religieux, dont ils élurent le supérieur général, Matteo Vitari. Bientôt, les luttes politiques et les discussions sur la fidélité aux observances primitives opposèrent entre eux les abbés; après trois siècles de troubles, Flora et ses principales filles demandèrent à être rattachées à l'ordre de Cîteaux (1570). C'était un retour aux sources.

En fait, comme la plupart des grands fondateurs contemporains, Joachim n'a eu nullement le désir d'établir un ordre religieux; ce qu'il souhaitait, c'était vivre en ermite pour avoir le loisir d'écrire; c'étaient ses disciples, qui, édifiant des maisons autour de lui, avaient fait de sa descendance spirituelle un institut religieux. La spiritualité et les observances étaient un mélange de l'esprit du désert et de celui de Cîteaux; comme l'esprit du désert, dans les maisons cénobitiques, avait peu à peu disparu, il était juste de retourner dans le giron de l'ordre primitif.

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits :
Cartes de Cavaliers : Chevalerie et trêve de Dieu [#]
Cartes de Deniers : Brève histoire de la monnaie [#]
Carte II LA PAPESSE : [LIVRE] Bible chrétienne [#]

Carte V LE PAPE : Papes et empereurs à Ferrare/Florence [#]
Carte VIIII L'HERMITE : les rapports ermites/pèlerins/moines [#], St Romuald [#]

 

L  I  E  N  S 

 

st Jean Galbert  (Florence ca 985 - Passignano 1073) :
https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-gualbert/
http://missel.free.fr/Sanctoral/07/12.php
http://www.introibo.fr/12-07-St-Jean-Gualbert-abbe
orde de Vallombreuse : http://www.newadvent.org/cathen/15262a.htm
abbaye de Vallombreuse : http://www.badia-a-passignano.com/vallombrosans_en.htm

St Guillaume de Maleval :
http://har22201.blogspot.com/2016/02/saint-guillaume-de-maleval-malvalla.html
en anglais http://cdm.csbsju.edu/digital/collection/ArcaArt/id/8904/
Williamites : http://www.newadvent.org/cathen/15644b.htm

St Guillaume de Verceil (Verceil ca 1065 - Guglieto 1142) :
http://viechretienne.catholique.org/saints/14-saint-guillaume-de-verceil
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote03/025.htm

http://nova.evangelisation.free.fr/leblanc_guillaume_de_verceil.htm

http://www.newadvent.org/cathen/15639b.htm
sanctuaire marial de Monte Vergine : https://www.mariedenazareth.com/tout-sur-marie/marie-remplit-le-monde/europe/italie/campania-naples-pompei/montevergine-avellino/?no_cache=1
ordre de Monte Vergine : http://www.newadvent.org/cathen/15644b.htm

Joachim de Flore (1133-1202) :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Joachim_de_Flore/125979
http://www.newadvent.org/cathen/08406c.htm
https://books.google.fr/books?id=BnFFDAAAQBAJ&pg=PT31&lpg=PT31&dq=joachim+de+Flore+gnostique&source=bl&ots=vwoKYYrbgy&sig=mIxHBeSNucIH-A24zYLcj1Tuo8g&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjCmby9-8HbAhUGSBQKHU1vBawQ6AEISzAF#v=onepage&q=joachim%20de%20Flore%20gnostique&f=false<
http://www.centrostudigioachimiti.it/Gioacchino/GF_vita.asp
abbaye de Flore : http://www.portalesila.it/labbazia-florense-san-giovanni-fiore/

 

ILLUSTRATIONS :

Vallombreuse (Toscane), gravure datée 1750 :
http://1.bp.blogspot.com/-u_UICMbOwk0/Uyy8dISIbKI/AAAAAAAAaLo/yOzKCLJ7wvE/s1600/Vallombrosa.jpg

Montevergine :
https://api.viaggiart.com/resources/images/xl/list/image/20890-3926ac101c0386504db08897e7873eac-1502307460.jpg

Image de St Guillaume de Maleval, probablement de Léonard BECK (1480-1542) :
http://cdm.csbsju.edu/digital/api/singleitem/image/ArcaArt/8904/default.jpg?highlightTerms=

Abbazia Florense - Abbaye St Jean Baptiste de Flore (Calabre) :
http://farm9.static.flickr.com/8107/8499380239_5a6681215c_b.jpg

 

7 juin 2018

St Romuald, ermite et fondateur des Camaldules

 Carte VIIII L'HERMITE [#]

 

Ivan GOBRY : La civilisation médiévale TAILLANDIER, 1999, ISBN  2-235-02211-1
[extrait p. 312 sq.] ///////////////////////////////////////////////////////////////////

Les ordres réformateurs des XIe et XIIe siècles [...] sont apparus concurremment en Italie et en France. En Italie, l'ordre Camaldule fut institué par saint Romuald, né vers 950 à Ravenne dans la famille des Onesti.

Saint_Romuald_MET Palmerucci

Guiduccio PALMERUCCI (1280-1349)
St Romuald, ca 1320 - Metropolitan Museum of Art


Il entra à vingt ans dans la célèbre abbaye saint Apollinaire de Ravenne; n'y trouvant pas l'austérité qu'il désirait, il gagna Venise où il se fit le disciple de l'ermite Marin, puis suivit avec son maître, à Saint-Michel-de-Cuxa en Catalogne, l'abbé de ce monastère, Guarin, qui lui offrit un ermitage. Retourné en Italie, il fut, après de nouvelles expériences érémitiques en divers lieux, désigné par l'archevêque de Ravenne comme abbé de saint-Apollinaire; mais, ne pouvant obtenir la réforme de sa communauté, il démissionna au bout de deux ans, pour retourner à sa dernière solitude, l'île de Pérée; importuné par de nombreux visiteurs, il gagna l'Istrie et se fit aménager une cellule de reclus.
------> Romuald et l'ermite Marinus [#]

Enfin, en 1004, alors qu'il avait à peu près cinquante-cinq ans, il trouva l'occasion de se fixer et de réaliser une oeuvre qu'il pressentait depuis longtemps sans en trouver la formule précise. Il s'était fait une abondance de disciples qui entouraient sa cellule. Le comte de Camerino lui offrit sur ses terres un domaine sauvage, Val di Castro. Et comme les recrues affluaient encore, il parcourut la Toscane et les Marches pour y établir de petits ermitages, placés sous son autorité. Parmi ceux-ci, un don lui agréa plus que les autres; il était situé à cinquante kilomètres à l'est de Florence et quarante au nord d'Arezzo; le donateur était un bourgeois nommé Maldoli; le domaine fut appelé Campo Maldoli, puis, par contraction, Camaldoli. On était en 1009. Romuald aménagea des cellules destinées aux premiers religieux de son ordre, auxquels il donna l'habit blanc. A onze cent mètres en contrebas de cet ermitage, perché à deux mille mètres d'altitude, il aménagea un hospice au lieu-dit Fontebuono. Ce fut à Val di Castro qu'il mourut en 1027, âgé de près de quatre-vingt ans.

Romuald apporte une nouvelle conception de la vie monastique. Il partage ses religieux en deux catégories :

  •  les ermites qui, libres de leurs occupations, se rendent cependant à une unique activité commune, l'office liturgique;
  •  et les reclus qui, voués à ne pas franchir le seuil de leur cellule, récitaient individuellement les heures canoniales.

L'état normal était celui des reclus, et l'on ne passait à celui d'ermite qu'avec l'autorisation du supérieur.


Presqu'île des Camaldules - Loire - photo Pascal Le Doare
Presqu'île des Camaldules,
Lac de retenue de Grangent (Loire)
Hameau de "Val-Jésus", un des ermitages fondés par Vital de Saint-Pol - église consacrée en 1628

 

------> âge d'or des ermitages au XVIIe s. [#]

 

 

 

 

Le fondateur n'eut pas cependant l'intention de fonder un ordre, et n'établit aucun règlement écrit. Ce fut le bienheureux Rodolphe qui, un demi-siècle après sa mort (1080), rédigea des constitutions; comme un certain nombre de religieux s'étaient établis à Fontebuono pour y accueillir les pèlerins, il fit bâtir un monastère dont le supérieur était celui de l'ensemble [...]. Le nouvel ordre s'étendit petit à petit, mais de façon fort mesurée : trois nouvelles maisons en 1082, une en 1085, trois autres de 1096 à 1099. En 1086 fut bâti un monastère de moniales.

Au cours des XIIe et XIIIe siècles, les constitutions furent remaniées, dans le sens d'un adoucissement de l'austérité d'une part, celles qui étaient praticables par quelques solitaires ne l'étant plus pour des communautés; dans le sens de l'administration d'autre part, les supérieurs locaux gagnant une plus forte autonomie à l'égard de l'abbé général.

------> suite (ordres de Vallombreuse, Monte Vergine, Flore) [#]

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits :
Cartes de Cavaliers : Chevalerie et trêve de Dieu  [#]
Cartes de Deniers : Brève histoire de la monnaie  [#]
Carte II LA PAPESSE : [LIVRE] Bible chrétienne [#]

Carte V LE PAPE : Papes et empereurs à Ferrare/Florence [#]
Carte VIIII L'HERMITE : les rapports ermites/pèlerins/moines [#], Autres ermites fondateurs en Italie [#]

 

L  I  E  N  S 

 

saint Romuald (Ravenne ca 950 - Val di Castro 1027) : 
http://www.newadvent.org/cathen/13179b.htm
fr.wikipedia.org/wiki/Romuald_de_Ravenne 
www.bartleby.com/210/2/071.html
http://www.encyclopedie-universelle.net/saint%20Romuald.html
missel.free.fr/Sanctoral/06/19.php
viechretienne.catholique.org/saints/2322-saint-romuald
messe de St Romuald : www.introibo.fr/07-02-St-Romuald-abbe
orde des Camaldules : http://www.newadvent.org/cathen/03204d.htm

VAL DI CASTRO :
http://www.flickriver.com/photos/tags/valdicastro/interesting/

MONTE RUA (PADOVA) :
http://www.padovamedievale.it/info/eremitage-monte-rua/fr

Presqu'île des Camaldules, Lac de Grangent (Loire) :
http://www.smagl.com/Hameau-des-Camaldules-article-45-2.html

ILLUSTRATIONS :
Portrait de St Romuald par Guiduccio PALMERUCCI (1280-1349), source wikimedia
tableau conservé au Metropolitan Museum of Art, New York
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3b/Saint_Romuald_MET_DT8824.jpg

Presqu'île des Camaldules, lac de Grangent, Loire (c) Pascal LEDOARé
http://medias.photodeck.com/7b018cfa-2336-43ef-81ca-fe33031e678b/010-LD-Camaldule-25145_xgaplus.jpg

6 juin 2018

Esope et la Lanterne (fable de Phèdre)

Une fable latine parfaite pour illustrer la lampe de l'ermite ...

carte IX L'HERMITE [#] - Objets & Outils [#]

PHEDRE : Fables choisies, "Les Classiques pour tous", HATIER
[Livre III, Fable 19 p.38] ///////////////////////////////////////////////////////////////

Aesopus domino solus cum esset famili    Esope était à lui seul toute la maison de son maître.
Parare cenam jussus est maturius. Un jour il eut l’ordre de préparer le diner plus tôt que de coutume;
Ignem ergo quaerens aliquot lustravit domus, il cherche partout du feu, court de maison en maison,
tandemque invenit ubi lucernam accenderet.   en trouve enfin et allume sa lampe.
Tum circumeunti fuerat quod iter longius  Comme il avait par des détours allongé son chemin,
effecit brevius, namquerecta per forum     pour abréger son retour il traversa le marché.
Coepit ire. At quidam ex turba garrulus :  Un bavard lui cria de la foule:
— "Aesope, medio sole quid tu lumine ?"  "Esope, que fais-tu donc de ta lampe en plein midi ?"
"Hominem", inquit, "quaero", et abiit festinans domum. "Je cherche un homme, » lui répondit-il, et il regagna promptement son logis.



Notes de A. Hamel, prof. agrégé de l'Université :

Solus familia : seul, il remplaçait la troupe des esclaves habituels aux gens riches.
circumeunti : alors qu'il cherchait de droite et de gauche
Quid tu lumine ? : Que fais-tu avec une lumière ?
Hominem quaero : ce mot est généralement attribué à Diogène le Cynique

Traduction utilisée : Ernest Panckoucke, avant 1864 (source : site remacle)


[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres textes de l'Antiquité dans le blog : Cassien [#] - Platon [#]
Autres textes à propos de [LANTERNE] :
[#] Arrivée à Athos par bateau dans la nuit (récit de Jacques Lacarrière)
[#] L'ermite éclaireur de la "vraie voie" (analyse d'une gravure rhénane du XVe s.)
[#] La ronde de nuit du frère claustral (extrait du roman d'Anne Guglielmetti)
[#] La lampe qui brûle et qui luit (notes d'un moine trappiste sur son expérience chez les Camaldules)

 

L  I  E  N  S

 

L'AUTEUR : PHEDRE - Caius Julius Phaedrus (ca 14 av J-C, ca 50 après J-C)
https://www.universalis.fr/encyclopedie/phedre-10-env-54/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A8dre_(fabuliste)

toutes les fables de Phèdre en ligne : http://remacle.org/bloodwolf/fabulistes/phedre/table.htm

10 avril 2018

"Mordu par la tentation de partir..."

Comme ça, en passant, soudain on dirait bien ... N'est-ce pas une sorte de "Mat" personnifié qui nous parle, ici ? La morsure de la tentation de partir : jolie définition pour le petit félin mordeur de fesse de la carte de tarot. Un grand voyageur parle, d'autant plus incontournable qu'il nous apostrophe depuis l'incipit d'un récit de voyage ... Il n'est toutefois pas indifférent de savoir que le voyage de Guy de Pourtalès au Cambodge avait pour motivation principale d'y retrouver sa maîtresse ...qui finalement en préféra un autre ... d'où probablement la touche mélancolique ? Cette belle prose de l'entre-deux-guerres évoque aussi la carte XIII et son coup de faux définitif ... détachement et rupture ...

Carte LE MAT [#] - carte XIII [#]

Guy de POURTALES : "Nous à qui rien n'appartient - Voyage au pays khmer" Flammarion 1931
[extrait - incipit du livre]///////////////////////////////////////////////////////////////

I  PARTIR

Un passant s'arrêta devant les magasins de la "Belle Jardinière" parce qu'il avait vu descendre de voiture l'explorateur qui, la veille, racontait ses voyages. Il le suivit de comptoir en comptoir, osa enfin l'aborder pour lui confier qu'il était, lui aussi, mordu par la tentation de partir.

- Sachez, fit l'homme, qu'il n'y a de difficile qu'un seul trajet : celui que vous ferez de chez vous à la gare. Une fois le train parti, la route n'a plus d'obstacle.
- Je vais loin.
- Que vous alliez à Nice, à Singapour ou au Thibet, le seul ennemi qui puisse vous empêcher d'embarquer, il vous guette entre le coin de votre cheminée et le marchepied du wagon. Etes- vous décidé ?
- Je le crois.
- Ne rentrez point chez vous. C'est de la "Belle Jardinière" que moi aussi, il y a vingt ans, je suis parti pour la première fois.

Le passant acheta un équipement léger, monta en taxi et donna son adresse afin d'aller chercher chez lui le restant de son bagage; mais il se souvint à temps du conseil reçu et se fit conduire à la gare. Deux ans plus tard, il revenait du centre de la Chine.

C'est ainsi, Voyageur, qu'il te faut quitter les tiens sans adieux. Sois seul à l'heure du départ. La route qui mène à ton coeur fait le tour de la terre, et tu ne trouveras au bout que toi-même et tes désirs inapaisés. Sache que tu ne romps rien dans ta fuite. Tu emportes malgré toi ce qui te retient, et tu sécrètes tout le long du chemin le fin fil qui t'attache à tes origines.

Sans doute reviendras-tu. Et ce sera comme si tu n'étais jamais parti. Mais qu'y aura-t-il donc en toi de changé ? Pourquoi ne te reconnaîtra-t-on plus ? A quelle escale le paquebot t'emportait-il dans l'aube des Tropiques avec cette fêlure à l'âme dont elle ne s'est pas remise ? Car nous le sentons dans tes mains et dans ton regard : tu es désormais parmi nous un étranger.

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres récits de voyage cités dans le blog :
- le retour de Terre Sainte de Saint Louis dans les "Chroniques" de Joinville [#]
- St Vincent de Paule vient visiter Louis XI [#][#
- Voyage d'un chrétien syrien en France vers 1708 : Histoire de dais [#] - Allégorie du Temps dans l'opéra sous Louis XIV [#] - Le supplice de la roue pour les assassins [#]
- Marcelle AUCLAIR au Chili début XXe s. [#]
- Paul MORAND début XXe s. [#]
- Jacques LACARRIERE au Mont Athos en 1952 : Arrivée [#] - l'ermite pêcheur [#] - le moine fou [#] - Nikône [#] - Liturgies de nuit [#] - soleil d'Argolide [#]
 

L  I  E  N  S

L'AUTEUR DU TEXTE : http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F16202.php
http://data.bnf.fr/11920488/guy_de_pourtales/

 

 

24 mars 2018

"Fuyez ce faux archer, fuyez son arc" (Baïf)

Quels poètes utilisent uniquement comme symbole de l'amour l'arc aux flèches empoisonnées ? Jean Antoine de BAÏF (1532-1589), entre autres. Cette célébrité de la Renaissance est très oubliée aujourd'hui. Il étudia avec Ronsard auprès de l'humaniste Dorat, et devait plus tard passer beaucoup de temps à traduire les Psaumes. Sa poésie amoureuse fut souvent mise en chansons.  A l'évidence, l'oeuvre de Baïf devait figurer dans la bande-son pour la carte VI L'AMOUREUX ! Le recueil de "l'Amour de Francine" en quatre livres parut dès 1555. Le texte ci-dessous reprend l'édition de 1572.

carte VI L'AMOUREUX [#] - Objets & Outils[#]

 

Jean Antoine DE BAÏF : De l'Amour de Francine (chanson VII du Premier Livre) édition de 1572
in "Anthologie de la Poésie Française", coll. de la Pléïade, GALLIMARD 2000
[extrait p. 642]////////////////////////////////////////////////////////////////////

Vous jeunes gens, qu'Amour des-ja menace,             
                            Fuiez ce faux archer,
Fuiez son arc, courez de place en place,
                            Ne vous laissez pas toucher.
                            Puis que [après que] la flèche
                            A fait sa brèche,
                            C'est grand' sotise
                            Si l'on s'avise
Après le coup dutireur n'aprocher.
Heureux celuy que d'autruy le dommage
                            A fait bien avisé :
Si j'eusse pu de bonne heure être sage
                           Devant [avant] qu'il esut visé,
                           Plus sain je fusse
                           De luy je n'eusse
                           Par avanture [peut-être]
                           Ce que j'endure :
Je ne languisse [languirais] ainsi martyrisé !
Bien que mon mal me cause un grand martyre
                           En cruelle rigueur,
Heureux vraiment de l'avoir me puis dire
                           Pour si grande valeur.
                           Je recoy gloire
                           De sa victoire :
                           L'honneur surmonte
                           La faible honte
S' [Si]on est vaincu par un brave vainqueur.
Puis que mon mal est si grand qu'il refuse
                           L'espoir de guérison,

Je feray bien, si doucement j'abuse
                           L'effet de sa [son] poison,
                           L'acoutumance
                           Donne alegeance [soulagement]
                           Quand on suporte
                           De vertu forte
Ce qui ne peut s'amander par raison.
[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres poètes du XVIe siècle cités dans le blog : D'Aubigné [#] - Du Bellay [#] - Scève [#][#][#]

L  I  E  N  S

 

L'AUTEUR DU POEME : http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Ba%C3%AFf/171200
autres poèmes : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_antoine_de_ba_f/index.html

FAITS & CONCEPTS :
La Renaissance lyonnaise :
https://www.lettres-et-arts.net/histoire-litteraire-moyen-age-16eme/renaissance-lyonnaise-heritages+23
Les mouvements littéraires :
https://www.etudes-litteraires.com/bac-francais/mouvements-litteraires.php

27 janvier 2018

[MAT] La grande mobilité médiévale

Il y eut une époque où le voyageur devint un être anormal, un errant, plus ou moins vagabond, plus ou moins hors-la-loi.  Le médiéviste Jacques LE GOFF situe précisément ce changement au XIVe siècle. Le voyageur des tarots du XVIIe, le MAT à besace et bâton de marche, ne pouvait donc faire autrement que véhiculer une image douteuse. Son prédécesseur des tarots italiens du XVe s., lui, était un simple "fou" sans bagages.

 

Carte LE MAT [#] - Cartes de ROYS

 

Jacques LE GOFF : La Civilisation de l'Occident médiéval. Coll. Les Grandes civilisations,
ARTHAUD 1984 (éd. origin. 1977)
[extraits pp. 157-161]//////////////////////////////////////////////////////////////////

La MOBILITE des hommes du Moyen Age a été extrême, déconcertante.1718 tarot de François Heri - Soleure-Suisse

 

Elle s'explique. La propriété, comme réalité matérielle et psychologique, est presque inconnue du Moyen Age. Du paysan au seigneur, chaque individu, chaque famille, n'a que des droits plus ou moins étendus de possession provisoire, d'usufruit. Non seulement chacun a au-dessus de lui un maître ou un ayant-droit plus puissant qui peut, par violence, le priver de sa terre - tenure paysanne ou fief seigneurial - mais le droit lui-même reconnaît au seigneur la possibilité légitime d'enlever au serf ou au vassal son bien foncier, à condition de lui en concéder un autre équivalent, parfois très éloigné du premier.  Seigneurs normands passés en Angleterre, chevaliers allemands s'installant à l'Est, féodaux d'Ile-de-France conquérant un fief dans le Midi à la faveur de la croisade contre les Albigeois, ou en Espagne au rythme de la Reconquista, croisés de tous poils qui se taillent un domaine en Morée ou en Terre Sainte, tous s'expatrient aisément [...].
-------> expatriation poussée par le sort, cf. vie du Roi René et de sa fille [#]

 

[...] Individuelle ou collective, la MIGRATION PAYSANNE est un des grands phénomènes de la démographie et de la société médiévales.

Sur les routes, chevaliers, paysans rencontrent les clercs en voyage régulier ou en rupture de couvent - tout ce monde des moines gyrovagues contre qui conciles et synodes légifèrent en vain, les étudiants en marche vers les écoles et les universités célèbres - un poème du XIIe siècle ne dit-il pas que l'exil (terra aliena) est le partage obligatoire de l'écolier - les pèlerins, les vagabonds de toutes sortes.
-------> vagabonds faux ermites [#][#] - faux pèlerins à Paris  (1427) [#] - vagabond mais pas bateleur [#]

-------> pélerinages à Rome au Moyen Age roman [#]

Pour la plupart, non seulement aucun intérêt matériel ne les retient chez eux, mais l'esprit même de la religion chrétienne les pousse sur les routes. Sur cette terre d'exil, l'homme n'est qu'un pèlerin perpétuel, tel est l'enseignement de l'Eglise qui a à peine besoin de répéter la parole du Christ : "Laisse tout et suis-moi". Si nombreux sont ceux qui n'ont rien ou peu qu'ils partent aisément. Leur maigre bagage tient dans la besace du pèlerin, les moins pauvres ont quelques pièces, en ce temps de monnaie longtemps rare; les plus riches un coffret où ils serrent le plus clair de leur fortune, un petit nombre d'objets précieux.

Quand les voyageurs et les pèlerins s'encombreront de bagages - le sire de Joinville et son compagnon le comte de Sarrebrück partent en 1248 pour la croisade chargés de coffres que des charrettes amènent à Auxonne et que des bateaux transportent sur la Saône et le Rhône jusqu'à Arles - non seulement l'esprit de croisade, mais le goût du voyage dépériront, la société médiévale deviendra un peuple d'assis, et le Moyen Age, époque de marches et de chevauchées, sera bien près de finir, non que le bas Moyen Age ignore l'errance, mais à partir du XIVe siècle les errants sont des vagabonds, des maudits - auparavant ce sont des êtres normaux, tandis qu'ensuite les normaux ce sont les sédentaires.
------> citations des chroniques de Joinville dans le blog [#][#

 

Mais en attendant cette lassitude, tout un Moyen Age ITINERANT pullule et se retrouve à chaque instant dans l'iconographie. L'instrument, vite devenu symbolique, de ces errants, c'est le BATON, la canne en forme de tau sur laquelle cheminent, courbés, l'ermite, le pèlerin, le mendiant, le malade. Peuple inquiet que symbolisent encore les aveugles, tels ceux du fabliau : "Un jour, il advint que sur un chemin, près de Compiègne, s'en allaient trois aveugles, sans personne pour les conduire et leur montrer la route. Ils avaient tous trois une sébile de bois; ils étaient tous trois pauvrement vêtus. Ils suivaient ainsi le chemin de Senlis."  Peuple inquiétant dont l'Eglise, dont les moralistes se méfient.
-------> bâton de pèlerin et signe du tau [#] - bâton d'ermite [#]
------->
bâton de pèlerin : St Roch [#][#] - St Antoine [#]

 

Le PELERINAGE lui-même, qui couvre souvent le simple vagabondage, la vaine curiosité - forme médiévale du tourisme - est aisément suspect. Honorius Augustodonensis (Honoré d'Autun), dès le XIIe siècle, est enclin à le condamner, à le déconseiller :"Y a-t-il du mérite, demande le disciple de l'Elucidarium, à aller à Jérusalem ou à visiter d'autres lieux sacrés ?" Et le maître de répondre : "Mieux vaut donner aux pauvres l'argent qui servirait au voyage". Le seul pèlerinage qu'il admet, c'est celui qui a pour cause et objet la pénitence.
-------> autres citations d'Honorius : le Christ-Porte [#] - la roue de fortune [#]

Très tôt en effet, et c'est significatif, le pèlerinage n'est pas un acte de désir, mais un acte de PENITENCE. Il sanctionne tout péché grave, il est une punition, pas une récompense. Quant à ceux qui l'entreprennent "par curiosité ou gloriole", comme dit encore le maître de l'Elucidarium, "le seul profit qu'ils en retirent c'est d'avoir vu des sites agréables ou de beaux monuments, ou de recueillir la gloriole qu'ils désiraient". Les errants sont des malheureux et le tourisme une vanité. La pitoyable réalité du pèlerinage - sans aller jusqu'au cas tragique des croisés péris de faim en route ou massacrés par les Infidèles - c'est souvent l'histoire de ce pauvre homme que raconte La Légende Dorée.
"Vers l'an du Seigneur 1100, un Français se rendit à Saint-Jacques-de-Compostelle avec sa femme et ses fils, en partie pour fuir la contagion qui désolait son pays, en partie pour voir le tombeau du saint. Dans la ville de Pampelune, sa femme mourut, et leur hôte le dépouilla de tout son argent, lui prenant même la jument sur le dos de laquelle il conduisait ses enfants. Alors le pauvre père prit deux de ses enfants  sur ses épaules, et traîna les autres par la main. Un homme qui passait avec un âne eut pitié de lui et lui donna son âne, afin qu'il pût mettre ses enfants sur le dos de la bête. Arrivé à Saint-Jacques-de-Compostelle, le Français vit le saint qui lui demandait s'il le reconnaissait et qui lui dit : "Je suis l'apôtre Jacques. C'est moi qui t'ai donné un âne pour venir ici et qui te le donnerai de nouveau pour t'en retourner ..."
Mais combien de pèlerins sont restés sans même le secours de l'âne miraculeux.
-------> 1097 : Montagne d'ossements [#]

 

Ce ne sont pas, en effet, les épreuves, ni les OBSTACLES aux déplacements qui manquent. Sans doute la voie fluviale est, partout où il est possible, utilisée. Mais il reste bien des terres à franchir. Or le beau réseau des routes romaines a presque disparu, ruiné par les invasions, non entretenu, et d'ailleurs mal adapté aux besoins de la société médiévale. Pour ce peuple de piétons et de cavaliers, dont les transports se font surtout à dos de bêtes de somme ou sur des charrettes archaïques, et qui n'est pas pressé - qui se détourne volontiers pour éviter le château d'un chevalier pillard ou pour visiter au contraire un sanctuaire - la voie romaine, droite, pavée, route de soldats et de fonctionnaires, est sans grand intérêt. Il va le long des sentiers, des chemins, d'un réseau d'itinéraires divers qui divaguent entre quelques points fixes : villes de foire, routes de pèlerinage, pont, gué ou col.

Que d'obstacles à franchir :

  • la forêt avec ses périls et ses terreurs - sillonnée pourtant de pistes : Nicolette "suivant le vieux sentier dans le bois touffu arrive à une route où se croisent les sept chemins qui s'en vont par le pays" -
  • les bandits, chevalier ou vilains, embusqués au coin d'un bois ou sur le sommet d'un rocher - Joinville descendant le Rhône remarque "la roche de Glun, ce château que le roi avait fait abattre parce que le seigneur nommé Roger était accusé de dépouiller les pèlerins et les marchands"-,
  • les taxes innombrables levées sur les marchandises, mais parfois sur les simples voyageurs, aux ponts, aux cols, sur les rivières,
  • le mauvais état des routes où l'on s'embourbe si aisément que conduire un charroi de boeufs requiert la compétence d'un homme de métier. Un héros de chanson de  geste comme le Bertrand du Charroi de Nîmes, neveu de Guillaume d'Orange, se ridiculise quand il veut se déguiser en charretier.

 

La route médiévale est DESESPEREMENT LONGUE, LENTE.

Si l'on suit des voyageurs parmi les plus pressés, les marchands, on s'aperçoit que les étapes varient de 25 à 60 km par jour selon la nature du terrain. Il faut 2 semaines pour aller de Bologne à Avignon, 22 jours des foires de Champagne à Nîmes, 11 à 12 jours de Florence à Naples. Et pourtant la société médiévale bougeait constamment "par une sorte de mouvement brownien, à la fois perpétuel et inconstant", comme a dit Marc Bloch. Les hommes du Moyen Age évoluent presque tous entre ces deux dimensions : les horizons bornés de la clairière où ils vivent, les horizons lointains de la Chrétienté entière où chacun peut soudain s'en aller d'Angleterre à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Tolède, comme ces clercs anglais du XIIe siècle [...]; d'Aurillac à Reims, à Vich en Catalogne, à Ravenne et à Rome, comme Gerbert dès la fin du Xe siècle; de Flandre à Saint-Jean d'Acre, comme tant de croisés; des bords du Rhin à ceux de l'Oder ou de la Vistule, comme tant de colons allemands. Les seuls vrais aventuriers, aux yeux des chrétiens médiévaux, sont ceux qui franchissent les frontières de la chrétienté : missionnaires ou marchands qui abordent en Afrique, en Crimée, s'enfoncent en Asie.

Plus rapide est la route de mer. Quand les vents sont favorables, un navire peut faire jusqu'à 300 km en 24H. Mais les dangers sont ici encore plus grands que sur terre. La rapidité occasionnelle peut être compensée par des calmes désespérants, ou des vents et courants contraires. [...] Ces retards sont peu de chose encore si l'on pense aux pirates ou aux tempêtes. [...]
-------> 1431 : odyssée du futur pape Pie II Piccolomini [#]

Peu de clichés, mais lourds d'une réalité vivement ressentie, ont eu plus de succès au Moyen Age que celui de la nef dans la tempête. Aucun épisode ne revient plus régulièrement dans la vie de nombreux saints que celui d'une traversée, réelle ou symbolique, figurée sur tant de miniatures et de vitraux. Aucun miracle ne fut plus répandu que celui de l'intervention d'un saint qui apaise une tempête ou ressuscite un naufragé.

[fin de citation]//////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits : [ERMITE] Refuge absolu de l'idéal chrétien  [#] - [ERMITE] Le marin de saint Louis à Lampedusa [#] - [ROUE DE FORTUNE] un Mythe décourageant [#] - [PIERRE] Fréquence des incendies de charpente [#]

Sur la mobilité géographique et sociale, autre auteur : [#]

 

 

L  I  E  N  S



LIEUX CITES :
Ile de Lampedusa : fr.wikipedia.org/wiki/Lampedusa

PERSONNAGES CITES :

GERBERT D'AURILLAC (+ 1003) : www.newadvent.org/cathen/14371a.htm

HONORE D'AUTUN (Honorius Augustodonensis) :
article (1972) www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1972_num_84_2_2272 
bibliographie : www.arlima.net/eh/honorius_dautun.htmlwww.newadvent.org/cathen/07461a.htm
(en anglais)

JOINVILLE  (ca 1224-1317), sénéchal de Champagne, chroniqueur :
bio : www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Joinville/174288 
bio : fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Joinville
bibliographie : www.arlima.net/il/jean_de_joinville.html

ILLUSTRATION :
tarot de François Heri, Soleure, Suisse, 1718
http://www.tarot-de-marseille-heritage.com/catalogue_heri1718.html

27 janvier 2018

Trouble, plaisir et peur mélangés (Marivaux)

Pour ce qui est de décrire la naissance du sentiment amoureux, nul ne peut nier la précision et la délicatesse qu'y met un Marivaux. On peut même affirmer qu'il s'agit de sa spécialité. Plus connu sans doute aujourd'hui pour son théâtre, le grand écrivain entame l'écriture du roman "La vie de Marianne" au début du XVIIIe siècle. Apporterait-il des lueurs nouvelles à propos de la carte VI L'AMOVREVX ? A voir. Au moins il fait parler la jeune fille. Elle n'est point outrageusement coquette, pour l'époque. On est ici à Paris vers 1730, Dodal vient à peine d'éditer son tarot à Lyon ...

carte VI L'AMOUREUX [#]

MARIVAUX : La vie de Marianne, Beauval Editeur
[extrait pp. 67 sq.]////////////////////////////////////////////////////////////////////

Parmi les jeunes gens dont j'attirais les regards, il y en eut un que je distinguai moi-même, et sur qui mes yeux tombaient plus volontiers que les autres. J'aimais à le voir, sans me douter du plaisir que j'y trouvais; j'étais coquette pour les autres, et je ne l'étais pas pour lui; j'oubliais à lui plaire, et ne songeais qu'à le regarder. Apparemment que l'amour, la première fois qu'on en prend, commence avec cette bonne foi-là, et peut-être que la douceur d'aimer interrompt le soin d'être aimable.

Ce jeune homme, à son tour, m'examinait  d'une façon toute différente de celle des autres; elle était plus modeste, et pourtant plus attentive; il y avait quelque chose de plus sérieux qui se passait entre lui et moi. Les autres applaudissaient ouvertement à mes charmes, il me semblait que celui-ci les sentait; du moins je le soupçonnais quelquefois, mais si confusément, que je n'aurais pu dire ce que je pensais de lui, non plus que ce que je pensais de moi. Tout ce que je sais, c'est que ses regards m'embarrassaient, que j'hésitais de les lui rendre, et que je les lui rendais toujours, que je ne voulais pas qu'il me vît y répondre, et que je n'étais pas fâchée qu'il l'eût vu.

Enfin on sortit de l'église, et je me souviens que j'en sortis lentement, que je retardais mes pas; que je regrettais  la place que je quittais; et que je m'en allais avec un coeur à qui il manquait quelque chose, et qui ne savait pas ce que c'était. Je dis qu'il ne le savait pas; c'est peut-être trop dire, car, en m'en allant, je retournais souvent la tête pour revoir encore le jeune homme que je laissais derrière moi; mais je ne croyais pas me retourner pour lui. De son côté, il parlait à des personnes qui l'arrêtaient, et mes yeux rencontraient toujours les siens. La foule à la fin m'enveloppa et m'entraîna avec elle; je me retrouvai dans la rue, et je pris tristement le chemin de la maison. [...] J'étais si rêveuse, que je n'entendis pas le bruit d'un carrosse qui venait derrière moi, et qui allait me renverser, et dont le cocher s'enrouait à me crier : Gare !

Son dernier cri me tira de ma rêverie; mais le danger où je me vis m'étourdit si fort que je tombai en voulant fuir, et me blessai le pied en tombant. Les chevaux n'avaient plus qu'un pas à faire pour marcher sur moi : cela alarma tout le monde, on se mit à crier; mais celui qui cria le plus fut le maître de cet équipage, qui en sortit aussitôt, et qui vint à moi : j'étais encore à terre, d'où malgré mes efforts je n'avais pu me relever. On me releva pourtant, ou plutôt on m'enleva, car on vit bien qu'il m'était impossible de me soutenir. Mais jugez de mon étonnement, quand parmi ceux qui s'empressaient à me secourir, je reconnus le jeune homme que j'avais laissé à l'église.  [...]

Je ne vous dis pas comment il s'y prit, ni combien il parut touché de mon accident. A travers le chagrin qu'il en marqua, je démêlai pourtant que le sort ne l'avait pas tant désobligé en m'arrêtant. Prenez bien garde à mademoiselle, disait-il à ceux qui me tenaient [...] dans ce moment ce ne fut point à moi qu'il parla. Il me sembla qu'il s'en abstenait à cause de mon état et des circonstances, et qu'il ne se permettait d'être tendre que dans ses soins.

De mon côté, je parlai aux autres, et ne lui dis rien non plus; je n'osais même le regarder, ce qui faisait que j'en mourais d'envie : aussi le regardais-je, toujours en n'osant, et je ne sais ce que mes yeux lui dirent; mais les siens me firent une réponse si tendre qu'il fallait que les miens l'eussent méritée. Cela me fit rougir, et me remua le coeur qu'à peine m'aperçus-je de ce que je devenais.

Je n'ai de ma vie été aussi agitée. Je ne saurais vous définir ce que je sentais.

C'était un mélange de trouble, de plaisir et de peur; oui, de peur, car une fille qui en est là-dessus à son apprentissage ne sait point où tout cela la mène : ce sont des mouvements inconnus qui l'enveloppent, qui disposent d'elle, qu'elle ne possède point, qui la possèdent; et la nouveauté de cet état l'alarme. Il est vrai qu'elle y trouve du plaisir, mais c'est un plaisir fait comme un danger, sa pudeur en est même effrayée; il y a là quelque chose qui la menace, qui l'étourdit, et qui prend déjà sur elle.

On se demanderait volontiers dans ces instants-là : que vais-je devenir ? Car, en vérité, l'amour ne nous trompe point : dès qu'il se montre, il nous dit ce qu'il est, et de quoi il sera question; l'âme, avec lui, sent la présence d'un maître qui la flatte, mais avec une autorité déclarée qui ne la consulte pas, et qui lui laisse hardiment les soupçons de son esclavage futur.

Voilà ce qui m'a semblé de l'état où j'étais, et je pense aussi que c'est l'histoire de toutes les jeunes personnes de mon âge en pareil cas.

[fin de l'extrait] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres citations de littérature française (en prose) :
Marcel BRION, de l'Académie Française : Se cuirasser contre la peur [#] - Un Amoureux de 72 ans [#]
Paul GUTH : Villon [#] - Jacques LANZMANN : Entraînement à la fuite - carte Le Mat [#]
poésies françaises sur le thème de l'Amoureux : Du Bellay [#] - Maurice Scève (1544) [#][#]

L  I  E  N  S

Pierre DE MARIVAUX (1688-1763) : http://www.alalettre.com/marivaux.php
"La Vie de Marianne" : http://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/la_Vie_de_Marianne_ou_les_Aventures_de_la_comtesse_de%E2%80%A6/148830

24 janvier 2018

Libre vivais en l'Avril de mon âge... (XVIe s.)

A en croire le fameux recueil "Délie, objet de plus haute vertu" (1544), il suffirait de trois dizains seulement pour décrire l'imagerie de la carte de tarot VI. On pourrait dire à peu près que, libre, l'Amoureux vivait "dans l'avril de son âge", le pauvret, tranquille et tout, quand soudain "l'enfant archer lui étonna l'âme". Le voilà totalement "asservi" aux beaux yeux d'une dame. Problème : il la fuit autant qu'il se sent attiré, ce qui lui vaut de "haïr son vain désir" ... Mais arrêtons là : pour recoloriser la carte aux couleurs de haute époque, rien n'égale la version originale des poèmes de Maurice Scève.

carte VI L'AMOUREUX [#]

Maurice SCEVE (ca 1501- ca 1560) : Poésies
précédé de  : Jean TORTEL L'amour unique de Maurice Scève, H-L MERMOD, Lausanne 1961
[extraits p. 48, 59, 60] ////////////////////////////////////////////////////////////////

                      Libre vivois en l'Avril de mon age,
                            De cure exempt soubz celle adolescence,
                            Ou l'oeil, encor mon expert de dommage,
                            Se vit surpris de la doulce presence,
                            Qui par sa haulte, & divine excellence
                            M'estonna l'Ame, & le sens tellement,
                            Que de ses yeulx l'archier tout bellement
                            Ma liberté luy a toute asservie :
                            Et des ce jour continuellement
                            En sa beaulté gist ma mort, & ma vie.

[...]                                         

                           Bien peindre sceut, qui feit Amour aveugle,
                           Ennfant, Archier, pasle, maigre, volage :
                           Car en tirant ses Amantz il aveugle,
                           Amollissant, comme enfantz, leur courage :
                           Pasles par cure [1], & maigre par grand rage :
                           Plus inconstans, que l'Automne, ou Printemps.

                                        Aussi, ô Dieu, en noz coeurs tu estens [2]
                            L'Amour par l'Or plaisant, chault, attractif,
                            Et par le Plomb tu nous rendz mal contentz,
                            Comme mol, froid, pesant, & retrainctif. 

[...]

                       Moins je la voy, certes plus je la hays :
                       Plus je la hays, & moins elle me fasche.
                       Plus je l'estime, & moins compte j'en fais :
                       Plus je la fuys, plus veulx, qu'elle me sache.
                                          En un moment deux divers traictz me lasche
                       Amour, & hayne, ennuy avec plaisir.
                                          Forte est l'amour, qui lors me vient saisir,
                       Quand hayne vient, & vengeance me crie :
                       Ainsi me faict hayr mon vain desir
                       Celle, pour qui mon coeur tousjours me prie.
                     

[1] cure : souci
[2] agrandir

[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits : La Lune et l'incertain des ténèbres [#] - de ta faulx dessaisie... [#]
Autres poètes cités dans le blog : Anonymes : Ballade de la Fortune (XIe s.) [#] - (XIIe s)
[#] - Agrippa d'AUBIGNE (1616) [#] - Jean Antoine de BAÏF [#] - CHASSIGNET [#] - VILLON [#] - Eustache DESCHAMPS [#] - DU BELLAY "Ce vieil enfant, aveugle archer, et nu" [#] - Victor HUGO [#] - VOLTAIRE (1740) [#]


L  I  E  N  S

 

L'AUTEUR DES POEMES : http://www.bacfrancais.com/bac_francais/biographie-maurice-sceve.php

FAITS & CONCEPTS :
La Renaissance lyonnaise :
https://www.lettres-et-arts.net/histoire-litteraire-moyen-age-16eme/renaissance-lyonnaise-heritages+23
Les mouvements littéraires :
https://www.etudes-litteraires.com/bac-francais/mouvements-litteraires.php

11 janvier 2018

La corde symbole de passage d'un monde à l'autre

Au détour d'un livre consacré à l'iconographie de l'enfer et du diable, soudain, une enluminure nous hurle : attention, la descente aux enfers est sans espoir de retour. Une fois de plus, l'art roman utilise un symbolisme direct, très parlant. Le Christ est présenté à la fois en victime de la Croix (avec les clous du supplice bien visibles, car hors échelle) et en roi-juge (assis en position surélevée, au centre de l'image). Le diable est un animal qui marche à quatre pattes, il tire les damnés par la corde autour de leur cou. On dirait vraiment du bétail pris au lasso. Les damnés, prisonniers de l'animalité, sont classiquement courbés. On les dirait prêts à sortir de la page. Cette partie de l'image semble d'ailleurs un peu effacée ou grattée, un usage traditionnel pour éviter toute représentation claire du mal.

cartes XII LE PENDV [#] - XV LE DIABLE [#] - XX LE JUGEMENT [#]

 

Monique BLANC (Conservateur du Dpt Moyen Age-Renaissance du Musée des Arts Décoratifs)
Voyages en enfer - de l'art paléo-chrétien à nos jours, Citadelles & Mazenod 2004
[extrait p. 71 sq] /////////////////////////////////////////////////////////////////////

1100-1150 Christ Juge Codex 83 Sarnen folio 8rLe Crucifié devient Christ Juge
enluminure sur parchemin, 1e moitié du XIIe siècle
Sarnen, Bibliothek des Kollegiums, Codex 83 folio 8 r

La Croix [du Christ] fait le lien entre le monde terrestre et le monde céleste. Le Christ montre ses plaies, les mains levées vers nous.
------> instruments du supplice [#]

Deux séraphins figurent de part et d'autre du Christ dont les pieds reposent sur la traverse horizontale de la Croix; au-dessous un ange les soutient de ses deux bras. Les élus sont debout, les damnés, courbés, sont entraînés par une corde que tire une bête hybride et diabolique. [...] Le passage entre les deux mondes peut aussi être symbolisé par un pont ou par une échelle, l'échelle des vertus.
------> la tour au sens d'échelle au Moyen Age chrétien [#]
------> le pont-épée de Lancelot [#]

/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits :
La Balance de St Michel - carte VIII [#] - De quelle(s) couleur(s) sont les démons ? - carte XV [#]

Codex 83 de Sarnen - XIIe s - détail de la corde au cou des damnés

 

 

L  I  E  N  S 

sur le site "Catholic Encyclopedia" (en anglais) :
La Croix du Christ  : http://www.newadvent.org/cathen/04529a.htm
Le Christ : http://www.newadvent.org/cathen/08374c.htm
L'Enfer et les damnés : http://www.newadvent.org/cathen/07207a.htm
Le Jugement particulier (immédiat après la mort) : http://www.newadvent.org/cathen/08550a.htm

Les diables dans l'art occidental : https://itineraireiconographique.wordpress.com/

ILLUSTRATION :
scan du livre de Monique BLANC p. 71

 

10 décembre 2017

De quelle(s) couleur(s) sont les démons ?

carte XV LE DIABLE [#] - Regarder les couleurs [#]

Monique BLANC (Conservateur du Dpt Moyen Age-Renaissance du Musée des Arts Décoratifs)
Voyages en enfer - de l'art paléo-chrétien à nos jours, Citadelles & Mazenod 2004
[extrait p. 43 sq] /////////////////////////////////////////////////////////////////////

Thierry BOUTS ca 1480 Les Damnés des enfers-détail - Lille Musee des Beaux-Arts

Thierry BOUTS, Les Damnés de l'enfer, ca 1460
détail d'un diable chiroptère (contexte ici, tableau entier ici)
Lille, Musée des Beaux-Arts


A
u XIIe siècle, l'iconographie du démon est définitivement fixée. Il peut être dragon, scorpion, crocodile, mouche, oiseau, orage, filet, saint, plateau d'argent, beau jeune homme ou femme nue. Lorsqu'il prend un aspect humain, les parties de son corps sont souvent déformées : la tête, hirsute, et les yeux sont énormes, la bouche est fendue jusqu'aux oreilles, les pieds et les mains s'achèvent par des ongles crochus, la peau desséchée, parfois recouverte de poils, est le plus souvent noire ou de couleur sombre.
------> symbolisme des poils en 1493 [#] , ou dans le monde byzantin et orthodoxe [#]

Selon le Père du Bourguet, la tradition de prêter une peau foncée aux puissances des ténèbres remonterait aux dernières époques pharaoniques. Ce n'est donc ni dans les textes de l'Ancien ou du Nouveau Testament, ni même dans les écrits des Pères de l'Eglise qu'il faut chercher l'origine de la peau noire dans l'iconographie byzantine ou occidentale. Dans les apophtegmes du désert d'Egypte, cette précision de la peau foncée du démon est répétée à satiété, et se réfère à celle d'un éthiopien, au point que le démon est l'Ethiopien lui-même parce qu'ennemi du pharaon. Cette tradition encore vivace à l'époque ptolémaïque est passée chez les Coptes. [...]

La prédominance du noir ou du sombre dans le monde infernal n'exclut pas la couleur : le démon vert symbolise le désordre, la folie, l'amour infidèle et même l'avarice; le bleu, la sottise et la bâtardise; le rouge, l'orgueil, la cruauté, la colère; le jaune, la fausseté, la félonie, à nouveau l'avarice, l'envie, la trahison ou la paresse. Et au moins depuis le XIIIe siècle, lorsque le vert et le jaune, couleurs du soufre, sont associés, ils symbolisent la folie; ils sont aussi symboles du déguisement et de l'extravagance, la couleur de Judas et de la synagogue. A travers toutes ces couleurs, on retrouve les symboles des principaux péchés capitaux.
------> au XVe s. : bleu couleur de l'infidélité et de la sottise, jaune couleur de l'hostilité [#]
------> le rouge couleur du péché dans l'Ancien Testament et l'Apocalypse [
#]

Hans MEMLING ca 1485-1494 panneau de triptyque - Musee de StrasbourgHans MEMLING : Triptyque de La Vanité Terrestre et la Rédemption célesteca 1485 ou ca 1494
un des 6 petits panneaux peints, Musée de Strasbourg

Un diable peut même être polychrome. Memling nous en offre un superbe exemple dans son Triptyque de la Vanité terrestre et de la Rédemption céleste [polyptique entier recto/verso, images ici] avec le diable à gueule ventrale - un motif déjà présent dès les débuts du XIIIe siècle. Dans la chute des anges rebelles de Brueghel, le grouillement des monstres qui déferlent de l'infini présente des couleurs d'une variété exceptionnelle [images ici]. Dès le XIVe siècle, sur une même image, les démons peuvent être jaunes, verts, bleus et rouges, couleurs qui les définissent le plus souvent, avec le noir et ses dérivés.

Tarot Parisien                Tarot bolonais "alla Torre"   Tarot de Jean Dodal
Paris 1600-1650               XVIIe siècle - BnF (gallica)       Lyon 1701-1715

Tarot Parisien 1600-1650 carte du DiableTatot bolonais alla Torre - Diable - 1600-1700tarot dodal - Lyon 1701-1715 - restauration JC Flornoy

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[fin de citation]///////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits : La Balance de St Michel - carte VIII [#] - La corde symbole du passage entre deux mondes [#]

 

L  I  E  N  S 

 

PERSONNAGES CITES :
Pères du Désert
Antoine, Pacôme et autres : http://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Peres-du-desert
Apophtegmes : http://www.missa.org/apophtegmes.php
histoire des moines d'Egypte : http://data.bnf.fr/13563773/histoire_des_moines_d_egypte/
Chrétiens Coptes : http://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Coptes/Qui-sont-les-coptes
article détaillé : http://eocf.free.fr/eglisep.htm
persécution des Coptes par les Romains (en anglais) : http://www.newadvent.org/cathen/11707a.htm

Thierry BOUTS (ca1415-1475) ou Thierry de Harlem, peintre flamand :
https://fr.wikisource.org/wiki/Biographie_nationale_de_Belgique/Tome_2/BOUTS,_Thierri_(le_vieux)
Père Pierre DU BOURGUET (1910-1988), Jésuite, égyptologue, historien de l'art copte :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_du_Bourguet
Hans MEMLING peintre flamand d'origine rhénane (ca 1433 - Bruges 1494)
http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Memling/153419
http://www.histoirdefrance.fr/encyclopedie/arts_et_lettres/h/hans_memling.htm
oeuvres et commentaires (en anglais) : https://www.wga.hu/frames-e.html?/html/m/memling/index.html

OEUVRES D'ART CITEES :

Thierry BOUTS : La Chute des Damnés, ca 1470, Palais des Beaux-Arts de Lille
http://www.pba-lille.fr/Collections/Chefs-d-OEuvre/Moyen-Age-et-Renaissance/La-Chute-des-damnes/(plus)
le haut du panneau : https://www.flickr.com/photos/mazanto/with/13963076770/

Hans MEMLING : La Vanité Terrestre et la Rédemption céleste, Musée de Strasbourg, ca 1485 ou 1494
images des 2x3 soit 6 panneaux (datés de ca 1485 par Wikipedia), couleurs trop pastellisées
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C5%93uvres_de_Hans_Memling#/media/File:Hans_Memling_-_Triptych_of_Earthly_Vanity_and_Divine_Salvation_%28front%29_-_WGA14938.jpg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C5%93uvres_de_Hans_Memling#/media/File:Hans_Memling_-_Triptych_of_Earthly_Vanity_and_Divine_Salvation_%28rear%29_-_WGA14943.jpg

reconstitution du polyptique (dit daté ca 1494 par l'auteur) : http://artifexinopere.com/?p=2354

Pieter BRUEGHEL L'Ancien : "La Chute des Anges Rebelles" (1562) Musée royal de Belgique
https://www.google.com/culturalinstitute/beta/exhibit/lQLy-oPTgMeLKg?hl=fr

ILLUSTRATIONS :
panneau du diable de Hans Memling (ca 1485 ou 1494) : scan de l'image du livre de Dominique BLANC p. 43
détail de la Chute des Damnés de Thierry Bouts ca 1470 : scan de l'image du livre de Dominique BLANC p. 9

carte de tarot LE DIABLE
tarot bolonais XVIIe s. (BnF) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105109607/f29.item
tarot Parisien 1e moitié XVIIe siècle : trionfi.com/m/d0yyyy.php?decknr=2258
jeu de Jean Dodal (BnF recolorisation de JC Flornoy) : https://www.pinterest.fr/laurieoyarzun/15-le-diable/

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