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27 août 2012

[EMPEREUR] Dictionnaire du Christianisme

Une excellente synthèse sur la DEFINITION de l'empereur, et son évolution ...

cartes IV L'EMPEREVR  [#] - V LE PAPE [#]

André VAUCHEZ, Professeur émérite d'Histoire Médiévale à l'Université Paris-X Nanterre, ancien directeur de l'Ecole Française de Rome, membre de l'Institut : article "Empereur", in
A. VAUCHEZ (dir.) :  Dictionnaire des temps, lieux et figures du Christianisme SEUIL 2010,
ISBN 978-2-02-096571-2
[extrait pp. 199 sq.] //////////////////////////////////////////////////////////////////
 
L
e christianisme est né et s'est d'abord développé dans le cadre de l'Empire romain. Même s'il est entré en conflit avec lui à l'époque des persécutions, il ne l'a jamais remis en question. Au contraire, les évêques ont multiplié les protestations d'obéissance à son égard dans le domaine temporel, conformément à la distinction opérée par le Christ entre Dieu et César, et à l'invitation faite à ses disciples de rendre à chacun d'eux ce qui lui est dû. Après la conversion de Constantin au IVe siècle, l'empereur fut considéré comme le défenseur de l'Eglise contre ses ennemis, en particulier contre les hérétiques : ainsi, c'est Constantin qui convoqua et présida le concile de Nicée en 431.
------> extrait très complet de Paul Veyne sur Constantin [#


Empire byzantin

Dans l'Empire byzantin, qui prolongea l'Empire romain en Orient et dans les Balkans jusqu'au XVe siècle, et exerça pendant tout le Moyen Age une forte influence sur les peuples slaves d'Europe de l'Est, le rôle de l'institution impériale - sa sacralité indélébile, son caractère sacerdotal inavoué - fut encore plus considérable. Même lorsque la situation historique qui avait donné naissance à cette ecclésiologie aura disparu avec la conquête turque puis l'avènement du communisme à partir de 1917, les Eglises orthodoxes, comme le montre l'histoire de la Russie, en gardent la nostalgie et sont toujours à la recherche d'un nouvel empereur.

 


Empire d'Occident

En Occident, l'évolution a été moins linéaire : après la chute de l'Empire à la fin du Ve siècle, l'Eglise eut affaire à divers peuples "barbares", dont les chefs se convertirent plus ou moins rapidement au catholicisme romain.

Empereur - feuillet Rosenwald - Florence ca 1500 - Washington National Gallery of Art

Dans une lettre adressée en 494 à l'empereur Anastase Ier, le pape Gélase Ier [pape de 492 à 496] affirma l'origine divine de la distinction des deux pouvoirs, sacerdotal et impérial, leur autonomie dans leurs sphères respectives de compétence et la prépondérance de l'autorité des évêques, responsables devant Dieu du salut du peuple chrétien. Au terme de nombreux conflits, la papauté finit par prendre son indépendance vis-à-vis de Constantinople au cours du VIIIe siècle, mais Charlemagne, roi des Francs, rétablit l'Empire en Occident en 800 en se faisant couronner à Rome par le pape. Sous son règne, l'empereur redevint le chef de la chrétienté : c'est lui qui soumit les peuples païens et les fit entrer - de force au besoin - dans l'Eglise; il présidait les conciles (Francfort, 794) et nommait les évêques, le rôle du pape se réduisant à diriger le clergé et prier pour le succès de ses entreprises.
-----> sur Charlemagne, réalité et légende [#]

Feuillet Rosenwald (détail), Florence ca 1500
National Gallery of Art, Washington

Mais les nouvelles invasions et la montée en puissance des pouvoirs régionaux ne permirent pas à ce système de fonctionner bien longtemps et, dès la fin du IXe siècle, l'Empire carolingien fut divisé en royaumes rivaux. Le roi de Germanie Otton Ier, après avoir établi son autorité sur l'ensemble de l'Allemagne, l'Est de la France actuelle et l'Italie du Nord, fonda en 962 le Saint Empire romain germanique qui devait durer jusqu'à sa suppression par Napoléon Ier en 1806.
------> Otton Ier et l'impératrice Adélaïde [#]


L'empereur, dont le pouvoir s'était d'abord transmis dans un cadre dynastique (Ottoniens, Saliens, Staufen, etc.), fut ensuite désigné par des princes laïcs et ecclésiastiques allemands appelés "électeurs", au nombre de sept à partir de la promulgation de la Bulle d'Or par Charles IV en 1356. Jusque-là, une fois élu, l'empereur prenait le titre de "roi des Romains" et se rendait à Rome pour s'y faire couronner par le pape, ce qui engendra souvent de violents conflits avec la commune et la papauté. Depuis la réforme grégorienne en effet, l'Eglise romaine s'était émancipée de la tutelle impériale. Au terme de la querelle des Investitures, dont elle sortit vainqueur au XIIe siècle, le pape ne tarda pas à disputer à l'empereur le rôle de guide de la chrétienté, revendiquant à partir d'Innocent III (1198-1215), le titre de "vicaire du Christ".

Dans une perspective théocratique, les souverains pontifes de la première moitié du XIIIe siècle, appliquant aux rapports du spirituel et du temporel la relation qui existe entre le soleil et la lune qui reçoit de lui sa lumière, s'efforcèrent de contrôler le pouvoir impérial en se réservant le droit de conférer le "glaive temporel" à un candidat de leur choix ou de le retirer à un empereur qui s'en serait rendu indigne. Le conflit entre la papauté et l'empire atteignit son paroxysme sous le règne de Frédéric II (1220-1250), que Grégoire IX excommunia en 1227 et qu'Innocent IV fit déposer par le concile de Lyon I en 1245. Parallèlement, le pouvoir impérial fut affaibli par la montée en puissance des monarchies nationales en France, Angleterre et Espagne, chaque roi prétendant désormais être "empereur en son royaume".

Toutefois, même quand le pouvoir impérial eut perdu toute autorité en Italie, il demeura influent dans le monde germanique jusqu'à l'abdication de Charles Quint et son prestige lui survécut longtemps : dans le De monarchia, Dante, au début du XIVe siècle, rêve encore de voir la chrétienté unie sous la direction d'un empereur qui y ferait régner la paix et la justice et réformerait une Eglise devenue puissante et riche.
------> entrée solennelle de Charles Quint en 1549 [#] - à Paris (1530) [#]

[fin de citation]///////////////////////////////////////////////////////////////////////
Autres extraits dûs à André VAUCHEZ, tirés de L'Homme Médiéval, Jacques LE GOFF (dir.) :
Ossements d'ermite [#] - Le culte de St Sebald, ermite [#] 

 

 

L  I  E  N  S

PERSONNAGES CITES :

Dante ALIGHIERI, écrivain italien (1265-1321) : www.lexilogos.com/dante.htm :
ANASTASE Ier, empereur romain : www.roman-emperors.org/anastasi.htm
CHARLES IV, empereur germanique : fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IV_du_Saint-Empire
CHARLES QUINT, empereur germanique : www.newadvent.org/cathen/03625a.htm
CONSTANTIN, empereur romain : www.newadvent.org/cathen/04295c.htm
FREDERIC II (1194-1250), empereur germanique  : 
www.histoire-fr.com/germanie_et_eglise_frederic_2_2.htm  (en français)
OTTON Ier, empereur germanique : www.newadvent.org/cathen/11354a.htm
pape Gélase Ier (+496) élu en 492 : www.newadvent.org/cathen/06406a.htm
pape Grégoire IX (~1145-1241) élu en 1227 : www.newadvent.org/cathen/06796a.htm
pape Innocent III (~1161-1216) élu en 1198 : www.newadvent.org/cathen/08013a.htm
pape Innocent IV : www.newadvent.org/cathen/08017a.htm


CONTEXTES HISTORIQUES CITES :

Querelle des Investitures : www.histoire-fr.com/germanie_et_eglise_querelle_des_investitures.htm
Théorie des deux glaives :

Saint Empire : www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Saint_Empire_romain_germanique/142245
Concile de Lyon I (1245) : www.newadvent.org/cathen/09476b.htm

Article "Pope", Encyclopédie Catholique : www.newadvent.org/cathen/12260a.htm (en anglais)

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