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9 septembre 2013

[VAGABOND] Les vagabonds à la fin du Moyen Age

Pour imaginer plus facilement les raisons du vagabondage d'un personnage énigmatique, celui de la carte LE MAT/LE FOU ...

carte LE MAT [#]

Michel MOLLAT : Les pauvres au Moyen Age, étude sociale, coll. "Le temps & les hommes",
HACHETTE 1978
[extraits] ///////////////////////////////////////////////////////////////////////

pp. 299

On tolérait le mendiant, on haïssait le vagabond.

  • Guillaume du Breuil, dans son traité sur la pratique du Parlement, définit le vagabondage par l'absence de domicile;
  • d'autres formules l'expriment ainsi : "demeurant partout" et "sans feu ni lieu".
  • L'expression "sans aveu", plus explicite, traduit bien la marginalité; dans une société où les relations d'homme à homme jouent encore un grand rôle, n'être reconnu par personne et ne pouvoir s'avouer lié à personne, est le signe, poussé à l'extrême, de l'isolement. 
  • Une quatrième formule contient une sorte de conclusion : le vagabond est de "mauvaise renommée". La méfiance était instinctive et systématique à l'égard d'un étranger, inconnu, sans travail,  criminel ou pour le moins délinquant  en puissance, et porteur possible de quelque épidémie.
  • La réaction hostile est accrue quand les vagabonds sont en nombre et on ne fait pas plus de distinction entre vagabonds "paisibles" et vagabonds "redoutables" qu'entre les mendiants.
    ------> même thème chez Bronislaw Geremek : cf. Métiers indignes au Moyen Age [#]

Là encore les documents judiciaires tracent des portraits.

  • Vers 1425, un jeune garçon de Mians, dans le Dauphiné, craignant d'être battu pour avoir laissé les bêtes paître chez le voisin, s'est enfui de chez son père jusqu'à Lyon. Il erre dans les rues, s'engage comme valet chez un habitant de Vourles. Puis ayant volé des habits, un poignard, et deux canards pour les manger avec deux autres jeunes, il fait une nouvelle fugue à Lyon. On l'arrête, il est fustigé et chassé presque nu. Le cas est classique; le châtiment aussi; le résultat inévitable : la fugue devient vagabondage; la délinquance, crime.  [...]
  • Des types de vagabonds, il y en avait autant que de cas de pauvreté : fugue, inconduite, oisiveté, éviction par l'acquéreur d'une terre, incapacité de payer un loyer, chômage.
  • Les condamnations et les bannissements ont lâché sur les routes bien des malheureux; dans les villes italiennes, on a vu les partis au pouvoir exiler leurs adversaires; en Allemagne, vers 1350-1360, le nombre annuel des bannis était en moyenne de 10 à Stralsund, de 14 à Spire; pendant la diète de Francfort, en 1397,  il y a 450 vagabonds. 

 

La désertion des villages, par suite de famines et de difficultés économiques, a contraint à l'émigration des familles entières, ainsi en Dauphiné, où un courant de sens inverse tenta d'implanter autour de 1440-1450 de nouveaux venus, originaires d'Ile-de-France, de Bourgogne, de Lorraine, des pays rhénans, aussi pauvres que les partants : un chassé-croisé de misérables. Depuis les recherches de Fernand Braudel, les migrations et le vagabondage sur les marges méditerranéennnes sont devenus un thème classique. La dévastation du pays de Caux au terme de la Guerre de Cent Ans a fait bien des vagabonds.

  • Vagabonds, aussi, les gens d'armes en rupture de solde.
    ------> soldats devenus ermites [#]

  • Vagabonds également, bien des faux pèlerins.
    ------> vrais pélerins et ermites itinérants [#] - vrais et faux ermites [#]
    ------> la vie comme pèlerinage [#
    ]
    ------> vrais pèlerins assaillis, cause de la première croisade [#
    ]

  • Vagabonds enfin, ces nouveaux Wanderprediger qu'étaient les Lollards.
    ------> mouvements hérétiques du XIVe-XVe siècle [#]

L'arrivée des tsiganes en Europe Centrale en 1416, puis en France en 1419, ne simplifia pas la sociologie déjà complexe du vagabondage. Ces "Boemians" ou "Egiptians", ainsi qu'on les désignait, étonnèrent par leur "horrible stature", leur vie sous la tente "à la manière des gens de guerre", leurs "cheveux noirs comme la queue d'un cheval". Peu de contemporains ont mieux exprimé que le Bourgeois de Paris le mélange de crainte, de répulsion et de pitié suscité lors de leur arrivée dans la capitale en 1427 : "Brief, conclut-il, c'estoient les plus povres que on vit oncques venir en Frnce de aage d'homme. Et néantmoins leur povreté, en la compagnie avoit sorcières qui regardoient es mains des gens". On le vit dans toute la France du Centre et du Nord, mais comme ils sollicitaient de l'argent, en 1442 on finit, par exemple à Tournai, par les refouler. A cette date, ils avaient parcouru le Midi, l'Italie et la Catalogne [...]
-----> autres références au Journal d'un Bourgeois de Paris (1405-1449) [#][#]

 

Cependant, parmi les pauvres qui vagabondaient, certains étaient EN QUÊTE DE TRAVAIL. Ainsi le chômage des tissages amplifia l'émigration, déjà commencée au XIIIe siècle, des ouvriers flamands et brabançons vers l'Italie, l'Angleterre, la France.

  • La mobilité des artisans était grande à la fin du XIVe siècle à Paris. Un faiseur de chausses, né à Tournai, avait tâté du métier à Laon, Soissons, Noyon, Reims, Chartres, avant de se fixer à Paris. Un compagnon tailleur a travaillé pendant trois ans successivement à Rouen, Mantes, Bourges, Le Blanc, Paris, Melun, Brie-Comte-Robert, Compiègne, Senlis, Crépy-en-Valois et Montdidier.
    ------> Paris 1416 : vagabond mais pas bateleur [#]
    ------> Paris, Blois, Meung-sur-Loire : pérégrinations de François Villon [
    #]


  • Même nomadisme à l'étranger, par exemple à Francfort, Constance, Gdansk.

  • Augsbourg connut le cas exceptionnel dans l'histoire de la pauvreté d'un fils d'artisan, né en 1396, Burkard Zink, qui, apprenti puis étudiant en diverses localités, devint aide commerçant à Augsbourg, puis à Nüremberg, revint à Augsbourg et finit sa carrière, riche et honoré.
    ------> Les Fugger d'Augsbourg [#]

  • La même chance ne sourit pas à Simonnet Salignet, un berrichon, de Dun-le-Roi; monté à Paris, il y garde les moutons d'un boucher; chômeur, il trouve seulement de l'embauche au jour le jour, devient domestique à Savigny-sur-Orge, puis fausse compagnie à son maître et revient à Paris où il travaille huit jours comme portefaix; ensuite il est palefrenier à Meaux, retourne à Paris, mais au lieu d'une embauche, il y est arrêté et emprisonné. L'instabilité et les aléas du marché de la main-d'oeuvre étaient plus forts que l'obligation de résidence, réitérée depuis 1354.

  • Jouaient aussi la limitation de l'embauche des "compagnons passans leur chemin", fort nuisible aux pauvres vagabonds, comme les usages naissants du "tour de France", effectué par exemple par un apprenti orfèvre de Tours s'en allant  "en autres bonnes villes pour mieux apprendre".

Tous n'avaient pas de raison de migration aussi valables ou légitimes, et les registres de justice font état presque confusément de pauvres, d'artisans et de vagabonds. Que de monde il y avait alors sur les routes ! et que de visages suspects auprès d'êtres souffrants et pauvres. A leur égard, le corps social avait le choix entre la rigueur et l'attention compatissante et juste. [...]

p. 304

Le développement du paupérisme depuis la 2e moitié du XIVe siècle pouvait, non sans motif, dérouter les uns et indigner les autres. [...] C'est moins l'indigence du mendiant qui fait peur que son oisiveté, son errance, son anonymat. On ne savait plus à QUI on avait affaire.
------> solidarité intra-villageoise, cf. les toutes petites Maison-Dieu de village [#]
------> marginalité ou regroupement en confrérie [
#]

[fin de citation] ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

 

L  I  E  N  S

EVENEMENTS HISTORIQUES CITES :

Diète du Saint-Empire : fr.wikipedia.org/wiki/Di%C3%A8te_d%27Empire
Guerre de Cent Ans : www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Cent_Ans/112327

PERSONNAGES CITES

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