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\\\\\\\\ Le . monde . des . tarots . anciens
20 novembre 2011

Brève histoire de la monnaie (Ivan GOBRY)

Cartes de Deniers [#]
Objets & Outils [#]

Où l'on voit apparaître les premiers DENIERS européens. Ils furent d'argent, puis d'or ... les temps confus, où même abbés et seigneurs locaux se mettent à BATTRE MONNAIE ... les premiers BANQUIERS, qui furent vénitiens, puis florentins ... les premières ELECTIONS d'empereurs, où des deniers en nombre firent la différence ...  les deniers très spéciaux, valables uniquement sur les grandes FOIRES ... les DENIERS ROYAUX, eux, depuis Saint Louis, valables partout ... bref, des DENIERS ... dans tous leurs états !

 

Ivan GOBRY : La civilisation médiévale TAILLANDIER 1999 ISBN  2-235-02211-1
[extrait pp. 252 sq.] ///////////////////////////////////////////////////////////////

 

La monnaie se définit chez les économistes par sa triple fonction :
- instrument des échanges, qui les simplifie
- mesure de la valeur des choses
- moyen d'accumuler et de conserver les richesses. (TRUCHY, Précis d'économie politique, Sirey, 1941)

la monnaie des Mérovingiens

Les Mérovingiens ne firent pas d'abord frapper des pièces à leur effigie; comme en bien d'autres domaines, ils se contentèrent de garder l'institution romaine; l'occupant parti précipitamment, ils avaient à leur disposition des masses importantes de sous d'or (solidi) et aussi de tiers de sous (trientes). Quand ces masses furent plus ou moins épuisées, les rois, utilisant soit des objets d'or, soit le métal extrait des mines, frappèrent des pièces soit à leur effigie, soit à celles des empereurs romains d'Orient. Les pièces d'or, restant rares, furent surtout employées par les rois et ceux auxquels ils en donnaient. Devant cette raréfaction, et la valeur élevée que représente l'or pour les petites marchandises, apparaît le bimétallisme : Clovis II (+ 657) fait frapper des trientes à son effigie, mais au début du règne de Thierry III de Neustrie (675-691) est mis en circulation le denier d'argent, [NDB : du nom de l'ancienne monnaie romaine en argent] qui vaut le douzième d'un sou. 

La carence du pouvoir central, due à la fois à la dispersion des métaux et à la division territoriale de l'autorité, amena les comtes, puis les petits seigneurs et les abbés, à battre eux-mêmes monnaie; on en arrive, à la fin de la période mérovingienne, à trouver plus de mille ateliers de frappe.
 

la monnaie des Carolingiens

Les premiers Carolingiens, en même temps qu'ils unifiaient le pouvoir politique, unifièrent la monnaie, et recoururent pour cela au monométallisme. Pépin le Bref, par le capitulaire de Vernon (755), puis Charlemagne, par celui de Francfort (794), décrétèrent l'usage exclusif du denier d'argent; son poids (2,04g) valait le 1/240e de la livre (mesure de poids et non valeur monétaire); mais, devant cette difficulté des petits paiements avec un seul type de pièce, on introduisit ensuite le demi-denier ou obole, et le quart de denier, ou piste.

Le privilège royal instauré par Charlemagne ne dura pas un siècle; avec l'anarchie politique carolingienne, l'Europe occidentale tourna à l'anarchie monétaire. Dès la fin du IXe siècle, les ducs, puis les comtes, les évêques, les abbés, s'arrogent le pouvoir de battre monnaie; au début du XIIIe siècle, on compte en France quatre-vingt ateliers de frappe. [...] le denier parisis, frappé à Paris, était relativement stable, à cause de la garantie royale; le denier provinois, frappé à Provins, eut une forte cote durant le succès des foires de Champagne, mais déclina avec elles. Le denier tournois, frappé à Tours, dut son importance au fait qu'il fut adopté comme monnaie royale.
 

le retour à la monnaie d'or au Bas Moyen Age

A nouveau, sous les Capétiens, la puissance du pouvoir central rendit une certaine unité à la monnaie. En 1262, un édit de Louis IX rendit utilisable la monnaie seigneuriale dans la seule seigneurie, tandis que la monnaie royale l'était dans toute la France. Ce fut alors, en Italie, le retour à la monnaie d'or, métal importé d'Orient par les grandes cités commerçantes en paiement de leurs marchandises. Au milieu du XIIIe siècle, on vit frapper en Italie du sud l'augustale (par Frédéric II, 1231), à Florence, le fameux florin, à Gênes le gênois, puis à Venise, en 124, le ducat. Cet usage gagne l'Angleterre, où Henri III fait frapper le penny d'or (1257).

En France, Louis IX émet en 1266 le denier d'or en même temps que le tournois d'argent, consécration du bimétallisme. La monnaie d'or s'impose plus tardivement en Bohême (1325), au Brabant (1330), aux Pays-Bas (1337), en Espagne, en Pologne, en Hongrie. Le franc fut décrété en 1360 par Jean le Bon; c'était une monnaie d'or qui valait une livre et figurait le souverain sous une effigie équestre; de là son nom de franc à cheval. Charles V fit frapper une pièce de même valeur, mais où il figurait assis sur son trône, avec la couronne et la main de justice, ce qui la fit curieusement appeler franc à pied. Henri III fera frapper en 1575 un franc en argent.
 

Formes et usages nouveaux de la monnaie

En plus des monnaies locales et nationales, on créa à partir du XIIe siècle une monnaie de foire, valide seulement sur le lieu et durant les semaines où fonctionnait la foire, et pour laquelle on établissait un barème de change contre les autres monnaies. [...] Cependant, le transport des espèces était dangereux; par voie de terre, il fallait toujours craindre les brigands; par voie maritime, les pirates; quant au naufrage, il ruinait les associés ou les commanditaires. On créa le crédit. A la fin du XIIIe siècle apparaît en Italie la lettre de change, qui crédite le porteur d'une somme considérable sans qu'il ait à transporter la monnaie correspondante; c'est en quelque sorte un chèque non bancaire. [...]

Un autre problème est celui d'entreposer les capitaux dans un lieu sûr, à la fois à l'abri des voleurs et entre les mains d'un homme puissant et crédible. [...] C'est ainsi que se constitue à Rome la première banque de dépôt; la place était d'ailleurs importante, au milieu des voies maritimes de la Méditerranée.  Elle devient aussi une banque de change,  puisque c'est là que les fidèles déposent leurs capitaux. [...] Les premières banques de prêt, destinées à l'investissement, se signalent, en Italie encore, dès le XIIe siècle. En 1171, une compagnie bancaire se constitue à Venise; on pourrait presque dire que c'est une société anonyme, car c'est toute l'aristocratie solidaire qui est la fondatrice; elle est destinée à financer non seulement les opérations commerciales, mais encore les opérations militaires, ce qui oblige la Sérénissime République à jouer double jeu à l'égard à la fois de Byzance et des puissances musulmanes. Elle fut imitée au XIIe siècle par les marchands toscans, qui furent appelés lombards dans le reste de l'Europe, où ils établirent une profusion de succursales.

 

Premières banques et capitalisme européen

Florence devint l'un des centres les plus actifs du capitalisme européen. Ses banquiers avaient des agents non seulement dans toutes les métropoles du monde chrétien, mais dans les grands centres commerciaux de l'Islam. Ce sont les Bardi, les Peruzzi, les Acciaiuoli, qui ont pour clients les souverains. Au XIVe siècle, les Médicis, par leur habileté en même temps que par leur pouvoir politique et leur mécénat, s'imposèrent comme les banquiers de l'Europe. En 1440, on évalue le capital qu'ils détenaient à 1750 kg d'or fin. Les Templiers rivalisèrent à Paris avec les Lombards. Le Temple fut d'abord une banque de dépôt, choisie par les nouveaux capitalistes en raison de sa puissance militaire et de l'honnêteté insoupçonnable de ses membres. Mais les richesses confiées à leur garde devinrent telles qu'ils s'en servirent pour le prêt.

En Allemagne, les plus grands des banquiers furent les Fugger, qui établirent leurs maison à Augsbourg au XIVe siècle, et s'enrichirent par le commerce des tissus. Au siècle suivant, ils acquirent des mines en Allemagne, au Tyrol, en Carinthie, en Hongrie; dans ce dernier pays, ils parvinrent  à extraire en 30 ans 77 tonnes d'argent fin et 100 000 tonnes de cuivre. Leur colossale fortune mit entre leurs mains le sort de l'Allemagne. En 1519, à la mort de l'empereur Maximilien Ier, les trois premiers souverains d'Europe étaient candidats à sa succession : François Ier de France, Henri VIII d'Angleterre, Charles Ier d'Espagne. L'élection étant devenue mercantile, et les électeurs faisant montre de surenchère, François Ier demanda un prêt royal aux banquiers d'Augsbourg et d'Anvers, qui le lui refusèrent; en revanche, Jakob II Fugger, dit le Riche (+1525) offrit au candidat espagnol, qui sera bientôt Charles-Quint, la somme fabuleuse de 650 000 florins, remboursable seulement s'il était élu. Il le fut. La fortune des Fugger était consacrée.
-----> Biographie de Jacob Fugger [#]

Ce fait, lui aussi, marque la fin du Moyen Age chevaleresque et l'essor de la modernité mercantile.

[fin de citation] /////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits :
Cartes de Cavaliers : Chevalerie et trêve de Dieu  [#]
Carte II LA PAPESSE : [LIVRE] Bible chrétienne [#]
Carte V LE PAPE : Papes et empereurs à Ferrare/Florence [#]
Carte IX L'ERMITE : [ERMITE] Rapports ermites/pèlerins/moines
[#] - St Romuald [#] - autres ermites fondateurs d'ordres en Italie [#]

 

L  I  E  N  S 

L'auteur, Ivan GOBRY (°1927) : www.clio.fr/espace_culturel/ivan_gobry.asp

PERSONNAGES CITES :
dynastie des CAROLINGIENS : www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Carolingiens/111832
CHARLES QUINT (1500-1558), empereur germanique (1519-1556) : 
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Charles_V/112815

Famille des MEDICI :
Les MEDICIS, hommes d'argent, hommes d'Etat
(de Christian BEC, Prof. émérite à Paris IV) : 

www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_medicis_hommes_d_argent_hommes_d_etat.asp
dynastie MEROVINGIENNE : www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/M%C3%A9rovingiens/132855
trésors carolingiens : http://expositions.bnf.fr/carolingiens/index.htm
FRANCOIS Ier (1494-1547) roi de France en 1515 :
www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fran%C3%A7ois_Ier/120185

Famille des FUGGER (in english) :
www.fugger.de/en/1_geschichte.htm
Jakob FUGGER dit Le Riche (1459-1525) : www.augsburg.de/index.php?id=20719 

LIEUX CITES :
AUGSBURG (Bavière) :
www.augsburg.de/index.php?id=17889 

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