régence féminine (1) absence du souverain
carte III L'IMPERATRICE [#] - IV L'EMPEREVR [#]
Thierry WANEGFFELEN : Le Pouvoir contesté - Souveraines d'Europe à la Renaissance
publié sous la direction de Sophie Bajard, Ed. PAYOT & RIVAGES 2008
[extraits pp. 149 sq.] //////////////////////////////////////////////////////////////////
A la Renaissance, le pouvoir est encore largement personnel. La présence du souverain s'impose.
Et, dans les zones éloignées des Etats de ce dernier, compte tenu des difficultés, du moins des lenteurs de communication, l'autorité est relayée par des "lieutenants", un terme auquel il convient de donner tout son sens étymologique : aux yeux des populations, ces agents du pouvoir central "tiennent lieu", littéralement, du monarque, ils le "représentent" en le rendant présent. Le fait est important car, en Occident, les pouvoirs ont constamment rappelé aux sujets ce que l'apôtre Paul avait vigoureusement énoncé au chapitre XIII de son Epître aux Romains : "Tout pouvoir vient de Dieu". Contre un exercice pervers du pouvoir, seule, en conséquence, une action de la Providence est envisageable. Cela conduit ceux qui se révoltent effectivement contre le pouvoir, qu'ils soient nobles, urbains ou paysans, à adopter la posture de loyaux sujets, incités par quelque "devoir de révolte" à combattre non le souverain lui-même, mais les mauvais conseillers et les mauvais ministres qui le trompent et rendent son règne insupportable à ses "peuples". On conçoit que dans ces conditions, l'absence du monarque, le plus souvent à l'occasion d'une campagne militaire, fasse craindre une recrudescence des troubles civils. Il est plus aisé de contester des agents du pouvoir en quelque sorte livrés à eux-mêmes et laissés libres de trahir la confiance du prince pendant qu'il est à l'étranger. Pour pallier ce surcroît de risque, on a pris l'habitude de confier la régence à un proche du souverain, le plus proche possible pour qu'à travers lui on puisse en quelque sorte voir la personne même de l'absent.
Des régentes sans pouvoir véritable
L'épouse du souverain est sans doute la plus à même de tenir ce rôle de représentation. Les mentalités [...] postulant la soumission de la femme à son mari, il est plus difficile de prétexter son infidélité à l'encontre des volontés de celui-ci pour justifier une révolte. Pour autant, les régentes n'exercent souvent le pouvoir souverain remis par leur mari qu'à titre purement nominal. C'est par exemple le cas de Catherine d'Aragon, la première épouse du roi d'Angleterre Henri VIII [en 1513]. [...] Elle n'est qu'une sorte de prête-nom, une femme de paille, dont l'unique office est de légitimer en le personnifiant un pouvoir susceptible d'être plus aisément mis en cause.
Marguerite Paléologue, ca 1531
par Jules Romain, Giulio Romano (1492-1546)
Collections royales d'Angleterre, WINDSOR
www.royalcollection.org.uk/
Une fonction similaire est assumée en 1540 par Marguerite Paléologue [1510-1566], veuve cette année-là du duc de Mantoue Frédéric. Elle devient régente pour son fils de sept ans François, mais ce sont ses beaux-frères, le cardinal Hercule Gonzague (Ercole Gonzaga) et Ferdinand Gonzague (Fernando Gonzaga) qui, de fait, gouvernent le duché.
Mais alors que les Mantouans auraient pu les soupçonner de vouloir accaparer à leur profit le pouvoir, ils sont incités à penser que Marguerite, par fidélité à son époux et poussée par son amour de mère, est au contraire portée à préserver tous les droits de ses fils.
Les actes décidés par les oncles de celui-ci peuvent ainsi apparaître incontestables, dans la mesure où c'est elle qui les signe et qu'ils sont scellés de son sceau et de celui du petit duc.
autre cas : l'impératrice Isabelle du Portugal -----> [#]
autre cas : Marguerite d'Autriche (1480-1530) -----> [#]
[fin de citation] //////////////////////////////////////////////////////////////////////
Même ouvrage, autres extraits :
Sceaux de souveraines à la Renaissance (carte III L'Impératrice) : [#]
Régence féminine (2) : l'impératrice Isabelle du Portugal [#]
Régence féminine (3) : Marguerite d'Autriche [#]
[ARMURE] Plastron de souveraine (carte III L'Impératrice) [#]
[EPEE] Isabelle de Castille et l'épée d'Etat (chapitre cartes d'Epées) [#]
L I E N S
PERSONNAGES :
Catherine d'ARAGON (1485-1536) : www.universalis.fr/encyclopedie/catherine-d-aragon/
Frédéric II de GONZAGUE, duc de Mantoue : fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_II_de_Mantoue
Hercule GONZAGUE, cardinal Ercole GONZAGA (1505-1563) : www2.fiu.edu/~mirandas/bios1527.htm#Gonzaga
www.newadvent.org/cathen/06635a.htm (en anglais)
www.fermimn.gov.it/gonzaga/files/gonzaga/9_gonzaga/ercole.html (en italien)
Henry VIII (1491-1547) roi d'Angleterre : www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Henri_VIII/123617
Marguerite PALEOLOGUE, duchesse de Mantoue :
www.altesses.eu/princes023.php
www.royalcollection.org.uk/collection/405777/portrait-of-margherita-paleologo
books.google.fr/books?id=aWU-_Lw6AN0C&pg=PA323&lpg=PA323&dq=marguerite+pal%C3%A9ologue&source=bl&ots=hT5xV-Lg0a&sig=h2iq3gJ1g1lUrRWxGfuBG4W-bMg&hl=fr&sa=X&ei=sBooUNfVFqTT0QXUz4CwCg&ved=0CDMQ6AEwAzgK#v=onepage&q=marguerite%20pal%C3%A9ologue&f=false
LIEUX :
MANTOUE (MANTOVA) : www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/Mantoue/168953
histoire de Mantoue et des Gonzague (en italien) : www.fermimn.gov.it/gonzaga/files/gonzaga/gonzaga.html
ARTISTE CITE :
Jules ROMAIN, Giulio ROMANO, (~1499-1546) peintre maniériste italien
vie et oeuvres : www.insecula.com/contact/A000223.html
www.aparences.net/art-et-mecenat/les-gonzaga-de-mantoue/jules-romain-a-mantoue/
expo de dessins : www.louvre.fr/expositions/dessins-de-giulio-romano-br-eleve-de-raphael-et-peintre-des-gonzague
tous les liens : www.artcyclopedia.com/artists/giulio_romano.html